Les Italiens contre le Pass Vert : 30.000 signatures en quelques jours

Succès extraordinaire d'une pétition en ligne en Italie : "Restaurons les droits et libertés mutilés".

Image de Flickr

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La dissidence contre le Pass Vert est comme une rivière karstique qui traverse la société italienne. Elle est étendue et encore latente, bien que plusieurs ruisseaux aient commencé à déborder de la surface : d’abord le recours collectif lancé par le personnel de l’école, puis la désormais protestation des étudiants universitaires, et non des moindres une pétition en ligne adressée au Président Sergio Mattarella avec le titre éloquent suivant “Passeport vert : Les raisons du non”. À un moment de l’histoire où l’on assiste à une résurgence des divisions entre les Italiens, cette initiative représente un moment d’unité transversale. Juristes, médecins, intellectuels, enseignants, artistes, entrepreneurs de diverses orientations culturelles se sont retrouvés dans l’appel lancé par l’avocate civile Olga Milanese et l’écrivain Carlo Cuppini. À l’heure où nous écrivons ces lignes, les signatures recueillies sont sur le point d’atteindre 30 000.

Naissance

Comme l’a expliqué M. Milanese à iFamNews, “depuis la publication du décret 52 du 22 avril dernier ces derniers jours, il était clair que le Passeport Vert serait progressivement appliqué de manière plus large et plus invasive, venant réduire les droits fondamentaux des citoyens, en violation claire des principes d’égalité et de non-discrimination qui sont les pierres angulaires non seulement de notre système juridique, mais aussi de l’Union Européenne”. Le décret du 6 août, souligne l’avocat, n’a fait que confirmer les craintes. D’où l’envie de se lever et de faire quelque chose. “Avec l’écrivain Carlo Cuppini”, explique-t-elle, “nous avons décidé de lancer une série d’initiatives pour tenter d’obtenir la révocation de ces mesures.”

Adhésions

Mme Milanese se dit satisfaite de l’accueil réservé à l’initiative. “La pétition en ligne“, dit-elle, “a commencé comme un simple soutien à notre document de protestation, nous ne nous attendions pas à un retour aussi important. Nous avons atteint près de 30.000 signatures en moins de quatre jours, et ce malgré le fait que les signatures ont commencé à être collectées le week-end du mois d’août.” L’avocat a souligné que “contrairement à d’autres pétitions similaires, cette initiative est née de citoyens ordinaires”, mais elle a rapidement recueilli le soutien de nombreuses personnalités de renom telles que – pour n’en citer que quelques-unes – le philosophe Giorgio Agamben, le président émérite de la Cour Suprême Paolo Sceusa, l’ancien directeur de Raidue Carlo Freccero, le poète Marco Guzzi, les juristes Ugo Mattei, Fabrizia Bagnati, Augusto Sinagra, les écrivains Vitaliano Trevisan et Franco Bifo Berardi, et le chirurgien Paolo Bellavite.

La délégitimation de la dissidence

L’un des objectifs de l’initiative est d’ouvrir un débat dans la société civile, qui a jusqu’à présent été entravé par une sorte de réflexe conditionné de l’opinion publique à l’égard des voix critiques. “Il est clair que l’étiquette d'”antivax” attribuée à toute personne qui exprime une position critique sur les politiques contre le COVID-19 vise à délégitimer la dissidence et à détourner l’attention de discours extrêmement importants”, réfléchit M. Milanese. “Toutefois, bien que la pratique consistant à “étiqueter” les voix critiques ou même douteuses afin de les marginaliser et de les isoler, puisse avoir un certain effet chez ceux qui n’ont pas l’habitude d’approfondir les sujets, nous sommes convaincus que nous pouvons réussir à éveiller les consciences en faisant appel à la raison, au sérieux, à la conscience et à la compétence de ceux qui nous soutiennent”, ajoute-t-elle.

L’objectif

Mme Milanese espère que la pétition pourra “mettre un terme au bouleversement de notre civilisation, du droit et de la raison, en rétablissant les droits et les libertés mutilés qui, loin d’être un simple égoïsme individuel, sont une conquête douloureuse de l’humanité et pour l’humanité”. L’espoir, ajoute-t-elle, est “que les différentes personnalités impliquées, issues du monde de la littérature, du droit, de la science, de l’économie, de l’art et de la culture en général, puissent contribuer à étendre le discours juridique au domaine de l’éthique, de la philosophie et de la politique entendue comme “art” de gouverner la “vie” publique selon des principes d’équité et de justice.”

La fin ne justifie pas les moyens

Mme Milanese observe ensuite : “Nous sommes bien conscients de l’urgence en cours, mais nous sommes également convaincus qu’elle doit être affrontée dans le plus grand respect de la loi et sans préjudice de l’unité de la communauté nationale”. Enfin, elle rappelle que “dans un État démocratique fondé sur la reconnaissance de droits de l’homme intangibles, aucune fin ne peut justifier l’utilisation de n’importe quels moyens, et encore moins la discrimination et la haine sociale qui en découlent inévitablement.”

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