La Belgique a légalisé l’euthanasie en 2002, initialement proposée uniquement aux patients adultes souffrant d’un état médical (selon eux) sans perspective d’amélioration. En 2014, la loi a ensuite été révisée pour autoriser l’euthanasie également sur les mineurs, sans limite d’âge. L’ enfant le plus jeune supprimé en Belgique n’avait que 9 ans. “Entre 2003 et 2018”, informe l’Institut Iona, basé à Dublin, “le nombre de personnes soumises à l’euthanasie a augmenté d’environ 1000%”. “iFamNews” avait déjà traité du système pervers belge, où il suffit d’une déception amoureuse et d’un diagnostic falsifié du syndrome d’Asperger pour être “légalement” supprimé. Mais le cas du pauvre Tine Nys n’est malheureusement pas un événement isolé.
L’étude de l’Université de Gand
Angelo Bottone, chercheur à l’Institut Iona, cite une étude universitaire récente élaborée par l’Université de Gand, en Belgique, et menée par trois chercheurs (Kasper Raus, Bert Vanderhaegen, Sigrid Sterckx) non pas opposés à l’euthanasie par principe, mais préoccupés parce que “plusieurs exigences légales qui servent de garde-fous et de garanties procédurales ne fonctionnent pas en tant que telles”, avec des conséquences éthiques et juridiques souvent problématiques.
Un premier signal d’alarme concerne la simple analyse des chiffres : si en 2002 il y avait 24 cas d’euthanasie légalisée, en 2019 le nombre était passé à 2655. Une telle augmentation exponentielle nécessite une analyse approfondie du développement de la pratique de l’euthanasie dans le pays. Selon les chercheurs de l’Université de Gand, la situation présente trois aspects problématiques : premièrement, il y a des lacunes dans la législation elle-même, ensuite dans son application, et troisièmement, il y a des lacunes dans le contrôle de la pratique de l’euthanasie.
Des maladies incurables et terminales à la “lassitude de vivre»
En ce qui concerne la législation, alors qu’au début il n’était question que des cas de “maladie grave et incurable”, avec le temps, le champ d’application s’est élargi pour inclure la “fatigue de vivre”. Alors que la loi exige en fait que le patient éprouve “une souffrance physique ou psychologique constante et insupportable qui ne peut être soulagée”, les normes permettant de juger du niveau de “supportabilité” de la souffrance sont entièrement subjectives et dépendent du jugement incontestable du patient. Le critère d’incurabilité n’exclut d’ailleurs pas toutes les affections dont certaines seraient guérissables, ou du moins atténuables, mais avec un traitement que le patient décide de refuser.
Tout comme dans le cas de Tine Nys, une souffrance psychologique qui n’a pas d’issue apparente, du moins dans l’immédiat, devient une raison suffisante pour mettre fin à la vie d’une personne. Ce jugement n’est-il pas suffisant pour renforcer la croyance qu’il existe de multiples conditions pour lesquelles la vie ne vaut pas la peine d’être vécue, sans aller jusqu’à parler de maladies gravement handicapantes et terminales ? Cette simple considération suffit à montrer comment le droit, loin d’alléger les souffrances du peuple, oriente ses critères de jugement vers une conception réductionniste de l’existence. C’est l’État lui-même qui suggère que la vie, si elle ne répond pas à certaines attentes, est un fardeau qui vaut la peine d’être supprimée.
Ceci, d’ailleurs – et c’est le deuxième point critique de la législation belge – sans que l’avis d’un deuxième professionnel, pourtant requis par la loi, puisse en aucune façon proposer une alternative légitime. En effet, si le médecin appelé à donner un second avis devait constater que les critères juridiques d’application de l’euthanasie ne sont pas remplis, il n’aurait en tout état de cause pas les moyens de le signaler ou d’empêcher l’exécution de la suppression légale du patient. Les médecins consultés peuvent, tout au plus, donner des conseils, mais le pouvoir final de pratiquer l’euthanasie appartient au médecin traitant, qui peut agir contre l’avis des autres médecins consultés.
Une accusation brûlante contre la Commission de contrôle
Il existe également une Commission de contrôle, qui surveille l’application de la loi dans le troisième domaine : si cette commission constate que les critères juridiques ne sont pas remplis, elle doit renvoyer l’affaire au procureur. Cependant, depuis l’entrée en vigueur de la loi – en 2002 – cela ne s’est produit qu’une seule fois.
En effet, la Commission a le pouvoir de (ré)interpréter la loi comme elle l’entend, et n’est pas réellement en mesure de vérifier le respect des critères juridiques. Car comme nous lavons dit, dans le rapport des cas d’euthanasie, l’avis du second professionnel n’est pas requis, ce qui pourrait éventuellement soulever des doutes sur le travail du médecin traitant.
En fait, la Commission, loin d’être une garantie contre l’utilisation aveugle du droit, sert de “bouclier qui empêche le renvoi d’affaires potentiellement problématiques”. Ce n’est pas une coïncidence si de nombreux médecins de la Commission sont des leaders dans la pratique de l’euthanasie, et qu’ils ont tendance à se “protéger” les uns les autres et à agir “en toute impunité”, comme l’accuse Associated Press.
Le cas des patients psychologiquement incompétents
Il y a également un mémoire déposé auprès de la Cour européenne des droits de l’homme qui affirme que “la loi belge sur l’euthanasie ne protège pas le droit fondamental à la vie”. Il est écrit par Tom Mortier, dont la mère, souffrant de dépression chronique, a été tuée en 2012 par injection létale, sans l’implication d’aucun des membres de la famille, qui n’ont été avertis qu’après le décès.
Même un des membres de la Commission, Ludo Vanopdenbosch, a démissionné en septembre 2017, précisément à cause du cas d’un patient souffrant de démence sévère et de la maladie de Parkinson qui avait été euthanasié sans même en avoir fait la demande. Malgré les preuves de violations, la Commission a décidé de ne pas renvoyer l’affaire au procureur. M. Vanopdenbosch a ensuite commenté : “Les raisons de ceux qui n’ont pas voulu poursuivre l’affaire sont fondamentalement de nature politique : défendre l’euthanasie à tout prix.
Pourtant, faute de demande du patient, il ne s’agissait pas d’euthanasie, mais de la “mort volontairement provoquée d’un patient”. Comme l’affirme le Dr An Haekens, directeur du service psychiatrique de l’hôpital Alexianen à Tirlemont, “il n’y a pas d’autre mot pour décrire l’incident, que le mot “meurtre””.
Aujourd’hui, les cas d’euthanasie sur des patients psychologiquement incompétents soulèvent un tel problème que plus de 360 médecins et universitaires ont signé une pétition demandant un contrôle plus strict de l’euthanasie pour les patients psychiatriques.
“L’euthanasie devient rapidement la norme plutôt que l’exception […] et il est important de montrer qu’il n’y a plus de limite raisonnable une fois que vous vous engagez dans cette voie”, déclare Robert Clarke, un avocat britannique représentant Tom Mortier à la Cour européenne des droits de l’homme. En fait, plus de six personnes sont tuées chaque jour en Belgique, et ce uniquement sur la base de rapports officiels, qui sont bien inférieurs aux cas réels qui ne parviennent même pas à la Commission. C’est un mensonge, conclut l’avocat Robert Clarke, de prétendre “que l’euthanasie est bonne pour la société”. Les malades, les souffrants, les personnes âgées et les personnes vulnérables de notre société méritent le plus grand respect et la plus grande attention”.