À un moment où le ” bien commun ” impose, sans pour autant imposer (la répétition est tout à fait intentionnelle) des traitements sanitaires étendus à toute la population de plus de 12 ans – pour l’instant -, rendus indispensables pour accomplir les actes les plus courants de la vie, à la même époque, toujours pour un supposé ” plus grand intérêt ” de la population, l‘Italie se prépare à la bataille sur l’euthanasie.
Pilule de la mort : au cas où les satisfactions de la vie ne suffiraient pas
Qui ne voudrait pas trouver un moyen d’éviter une souffrance terrible et insupportable à un autre être humain ? Le raisonnement semble s’appliquer. Et pourtant, pour ceux qui osent essayer de gratter un peu la surface du problème, en allant au sens réel des mots utilisés et par conséquent, aux changements culturels qui non seulement précèdent mais aussi suivent les changements législatifs, il y a encore matière à réflexion.
Il est également avéré que dans les pays où l’euthanasie est déjà librement pratiquée, le nombre de “bonnes morts” augmente de manière exponentielle, au point de proposer de véritables euthanasies. Les pilules de la mort ne sont pas destinées aux malades en phase terminale ou à ceux qui souffrent des pires conditions de maladie, mais simplement aux plus de 70 ans “qui veulent mourir parce qu’ils sont “fatigués de vivre” ou “satisfaits de la vie””. Non, ce n’est pas une faute de frappe : non pas parce qu’ils sont mécontents (ce qui serait une abomination), mais pour la raison inverse, parce qu’ils ont vécu assez longtemps : laissons la place aux jeunes. Elle est également gratuite, car les pilules sont fournies par le système national de santé.
Pas libre de mourir, mais laissé seul à souffrir.
Mais revenons à l’Italie : il est nécessaire de préciser que l'”armée de la vie” n’est pas composée de fanatiques incapables de reconnaître la réalité de la douleur, convaincus qu’il est juste que les malades souffrent jusqu’au dernier moment de leur existence. La bataille contre l’euthanasie n’est, en réalité, rien d’autre qu’une bataille en faveur de la vie, d’une vie qui a le droit d’être vécue avec dignité jusqu’au bout.
Mais lorsque nous parlons de la dignité de la vie, nous avons presque l’impression de nous glisser sur le terrain de jeu de l’ennemi : n’est-ce pas les partisans de l’euthanasie qui parlent du droit de mourir dans la dignité? Ce sont eux qui se dressent en champions de la liberté de l’individu, de son droit à l’autodétermination, contre ces figures cruelles qui semblent imposer une vie insoutenable aux autres.
Pourtant, il existe une troisième voie entre l’imposition de souffrances indicibles jusqu’au dernier souffle et l’abandon du patient à la mort comme seule option libératrice : elle s’appelle les soins palliatifs. Le professeur Patrick Vinay, professeur émérite de médecine à l’Université de Montréal (Canada), s’est récemment exprimé à ce sujet lors d’une conférence organisée dans le cadre de l’édition 2021 de la réunion de Rimini. Doyen de la faculté de médecine, il s’inscrit à la fin de son mandat à un cours de médecine palliative, redevient étudiant, puis consacre sa vie aux malades en phase terminale. En plus d’avoir remporté de nombreux prix et récompenses, Vinay s’est spécialisé dans l’étude des lignes directrices pour l’utilisation appropriée de la sédation palliative et l’utilisation de la méthadone comme agent analgésique, et a publié deux textes sur la réalité de la maladie en phase terminale: Ombres et lumières sur la fin de vie en 2010 et Conversations à marée basse : écouter les personnes en soins palliatifs, qui sortira en 2022.
Son jugement est très clair : “Il existe un lien étroit entre nos émotions, notre réalité intérieure et notre réalité biologique. C’est quelque chose d’unique : si quelque chose va bien, tout va mieux ; si quelque chose va mal, tout va mal. Et être enfermé seul dans une pièce, c’est perdre le sens de la vie. Si le patient est laissé seul, à la merci d’une souffrance insignifiante, alors “la dépression s’installe, ce qui signifie un faible taux d’endorphines, des problèmes d’immunosuppression, qui rapprochent de plus en plus la fin de la vie”. Par conséquent, “les personnes malades, les personnes âgées, ont besoin d’un contact humain de qualité, direct, significatif, et c’est la seule façon pour ces personnes de continuer à avoir une vie significative, un présent qui vaut la peine d’être vécu”. En bref, “une réponse purement technique ne permet pas à la vie de continuer d’elle-même, sauf pour un bref moment”.
Tout cela est nié d’emblée par les partisans de l’euthanasie : on ne regarde le malade que pour la souffrance qu’il éprouve, sans s’intéresser à son existence, à sa quête de sens, à sa valeur. C’est là que se trouve la grande tromperie : avoir décidé à l’avance, d’office, qu’il existe des conditions de vie indignes et insoutenables, un jugement qui enlève l’espoir et fait oublier que le véritable besoin des malades est d’augmenter -. comme le prévoit également la loi – les fonds et les investissements pour ces soins palliatifs et la thérapie de la douleur, en thèse le premier engagement sacro-saint de la justice pour les plus fragiles des fragiles. Les malades et leurs proches, livrés à eux-mêmes, ne peuvent imaginer d’autre issue que d’en finir : n’est-ce pas alors aussi le devoir de la collectivité, et en particulier de cet État qui égrène les décrets sanitaires les uns après les autres, de prendre en considération au maximum la santé physique de ses citoyens et donc de déployer toutes les énergies et les ressources possibles pour que le désir de mort ne surgisse même pas, et donc que la souffrance soit atténuée et accompagnée autant que possible ? Il y a au moins 750 000 personnes en Italie qui doivent savoir qu’il existe un moyen certes plus laborieux et moins rapide qu’une pilule ou une injection, mais résolument plus humain. Trouveront-ils quelqu’un prêt à leur montrer ?