“C’est ici que se tenaient les fermiers assiégés et qu’ils ont tiré le coup de feu entendu dans le monde entier.” C’est ce qu’a écrit Ralph Waldo Emerson à propos des premiers tirs de mousquet lors des batailles de Lexington et de Concord, le 19 avril 1775. Il en va de même pour ce qui s’est passé le 4 juillet 1776, lorsque les colons en difficulté ont adopté leur déclaration d’indépendance, dont les mots résonnent encore dans le monde entier.
Nous tenons ces vérités pour évidentes, à savoir que tous les hommes sont créés égaux, qu’ils sont dotés par leur Créateur de certains droits inaliénables, au nombre desquels figurent la vie, la liberté et la recherche du bonheur, et que, pour garantir ces droits, des gouvernements sont institués parmi les hommes, tirant leurs justes pouvoirs du consentement des gouvernés…
Ce qui est remarquable, c’est qu’en affirmant leurs droits vis-à-vis de la Grande-Bretagne, les colons ont parlé au nom de tous les peuples, partout et à toutes les époques. “À leur crédit éternel”, a observé l’historien Henry Steele Commager, “les Pères fondateurs ont parlé au nom de l’humanité” par “un sentiment d’obligation… envers la postérité” et “envers les peuples du monde”. Benjamin Rush, délégué de Pennsylvanie, a expliqué : “J’étais constamment animé par la conviction que j’agissais pour le bien du monde entier et des âges futurs”. Depuis Paris, où il cherchait à obtenir un soutien pour la cause américaine, Franklin écrivait : “Il est communément admis ici que notre cause est celle de toute l’humanité et que nous nous battons pour leur liberté en défendant la nôtre”.
Tout aussi remarquable est le sacrifice que les signataires de la Déclaration étaient prêts à faire. Comme l’a noté Paul Harvey, “chacun connaissait la pleine signification de ce magnifique dernier paragraphe… dans lequel sa signature engageait sa vie, sa fortune et son honneur sacré…”. S’ils gagnaient ce combat, le mieux qu’ils puissent espérer serait des années de privations dans une nation en difficulté. S’ils perdaient, ils seraient condamnés à la corde du pendu”. Mais ils ont signé. “Et la liberté est née.
Aujourd’hui, après près de 250 ans, dont une grande partie a été exposée au public, ce document sacré est devenu défraîchi et usé. Mais les vérités qu’il proclame n’ont jamais faibli. Selon Commager,
La Déclaration d’indépendance n’est pas une simple pièce de musée. Il ne s’agit pas d’un parchemin que l’on sort une fois par an, que l’on célèbre avec une révérence cérémonielle et que l’on remet ensuite dans la stérilité d’une vitrine. Il ne s’agit pas seulement d’un document historique, que l’on apprend à l’école comme on apprend tant de choses que l’on s’empresse d’oublier. Elle est vitale et immédiate. Il plaide une cause qui est toujours valable et annonce des principes qui sont toujours vrais. Elle nous invite encore à engager nos vies, nos fortunes et notre honneur pour les défendre.
Lorsque Commager a écrit cela il y a plus de cinquante ans(Freedom and Order, 1966), il était loin d’imaginer l’assaut à venir qui, comme l’a dit Gabriele Kuby en 2016, utiliserait “l’art du discours trompeur” pour chercher à “détruire la liberté au nom de la liberté”. De même, dans le rapport 2020 de la Commission américaine sur les droits inaliénables, ses éminents rédacteurs ont dénoncé l’agenda politique qui “dévalorise les droits fondamentaux et nie les droits au nom des droits”. En 2021, Mark Levin a écrit,
La contre-révolution de la révolution américaine est en marche. Il ne peut plus être ignoré, car il dévore notre société et notre culture, il tourbillonne dans notre vie quotidienne, il est omniprésent dans nos politiques, nos écoles, nos médias et nos divertissements… Nous devons relever le défi, comme l’ont fait nos pères fondateurs lorsqu’ils ont affronté la force la plus puissante de la planète, l’Empire britannique, et l’ont vaincue.
Et c’est maintenant qu’il faut agir, affirme M. Levin en citant le président Ronald Reagan.
La liberté n’est jamais à plus d’une génération de l’extinction. Nous ne l’avons pas transmis à nos enfants par voie sanguine. Il faut se battre pour elle, la protéger et la transmettre pour qu’ils fassent de même, sinon nous passerons un jour nos vieux jours à raconter à nos enfants et aux enfants de nos enfants ce qu’était autrefois la liberté des hommes aux États-Unis.
En 1776, cinquante-six hommes courageux ont apposé leur signature – celle de John Hancock étant la première et la plus importante – sur le document qu’Abraham Lincoln qualifiera de “reproche et de pierre d’achoppement à la tyrannie et à l’oppression”. La Déclaration d’indépendance, de plus en plus dénigrée et les libertés sacrées qu’elle annonce attaquées, a un besoin urgent d’être préservée, protégée et promue. C’est à nous de signer.
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