Assaut des pro-avortements contre le bastion de Saint-Marin

L'avortement y est illégal, mais le référendum du 26 tentera d'annuler même l'objection de conscience, en autorisant l'abattage jusqu'au neuvième mois.

La vie

Saint Marinus (275-366) était un tailleur de pierre d’origine dalmate. Il a fui la persécution déclenchée par l’empereur romain Dioclétien (244-313) contre les chrétiens et a trouvé refuge sur le mont Titan. Aujourd’hui, sur la même colline se dresse une petite république nommée en son honneur, la République de Saint-Marin. Ce petit État est toujours un refuge, mais pour les enfants à naitre. C’est en effet l’un des rares pays d’Europe où l’avortement est interdit, à la seule exception du danger pour la vie de la mère. Toutefois, cette particularité pourrait être annulée : le 26 septembre, un référendum, demandé par l’Union des Femmes de Saint-Marin (UDS), sera organisé pour décider de l’abolition de cette défense.

La question du référendum

Au fil des ans, il y a eu plusieurs tentatives d’introduire l’avortement par le biais de pétitions d’Arengo (demandes populaires) ou de projets de loi encore en suspens au Parlement de Saint-Marin. La route du référendum est maintenant tentée. La question à laquelle les citoyens seront confrontés le 26 septembre est la suivante : “Voulez-vous qu’une femme puisse être autorisée à interrompre volontairement sa grossesse jusqu’à la 12e semaine de gestation, et même au-delà s’il y a un danger pour la vie de la femme ou s’il y a des anomalies et des malformations du fœtus qui représentent un risque grave pour la santé physique ou psychologique de la femme ?”.

Avortement jusqu’au neuvième mois

“Nous sommes inquiets car la question est assez générale”, déclare à “iFamNews” Antonella Mularoni, avocate et notaire saint-marinaise, ancienne juge à la Cour Européenne des Droits de l’Homme, secrétaire d’État aux affaires étrangères et capitaine régent de Saint-Marin (chef d’État). Tout d’abord, Mularoni, membre du comité “Un de nous ” pour le “non” au référendum, constate l’absence de délais pour de nombreux cas, de sorte qu’à Saint-Marin, les avortements pourraient être pratiqués jusqu’au neuvième mois de grossesse. “C’est inacceptable, même s’il y avait des anomalies ou des malformations du fœtus. Et la référence à la santé “psychologique” de la femme rend la marge d’appréciation pour autoriser l’avortement tardif très large et dangereuse”.

Également pour les mineurs

Si le référendum est approuvé, la balle passe alors au Parlement de la République. Il existe actuellement deux projets de loi en cours sur le sujet qui présentent de nombreux points de convergence, explique M. Mularoni. L’une d’elles a été présentée en 2019 par l’UDS elle-même et prévoit la possibilité d’avorter également pour les jeunes filles âgées de 16 à 18 ans, voire moins de 16 ans dans certains cas, sans le consentement des parents ou d’un tuteur ou d’un juge. “Les parents devront donc signer l’excuse d’absence de l’école mais pour l’avortement, la jeune fille pourra tout faire seule. À un moment de sa vie où elle a plus que jamais besoin de ne pas être laissée seule”.

L’objection de conscience menacée

Mais cela ne suffit pas. “Le projet restreint sévèrement l’objection de conscience”, dit-il. “Il prévoit même qu’à partir de l’entrée en vigueur de la loi, l’hôpital de Saint-Marin ne pourra engager que des avorteurs”. “C’est une discrimination terrifiante”, a observé Mularoni, car “évidemment la liberté de conscience est aussi prévue dans notre charte constitutionnelle “. De plus, ajoute-t-elle, “cette discrimination obligerait tous nos jeunes médecins et, plus généralement, notre personnel de santé qui s’oppose à l’avortement à se faire vacciner, puisqu’à Saint-Marin, il n’existe qu’une seule institution hospitalière, qui est publique, dans laquelle ils ne pourraient pas travailler puisqu’ils ne pourraient pas être employés”.

Le risque de “tourisme de l’avortement

“Il est clair que le législateur, si la question référendaire est approuvée, pourra fixer certaines limites”, poursuit Mularoni, “mais il est tout aussi clair que les intentions des promoteurs du référendum sont celles que nous avons décrites. Des intentions qui, si elles se concrétisaient, donneraient à Saint-Marin une législation sur l’avortement beaucoup plus permissive que la législation italienne. “Le risque est que cela génère un ‘tourisme de l’avortement’ en provenance d’autres pays”, explique l’avocate.

Initiatives en faveur de la vie

Les enjeux sont très importants. La campagne référendaire à Saint-Marin débute aujourd’hui et se terminera deux jours avant le référendum, le 24 septembre. Et ce soir, la campagne pour la vie du comité “Un de nous” commence également avec les discours des membres du comité et des invités, pour se terminer le 24 au soir. Une étape intense est prévue le 14 septembre, lorsque le Cinéma Concordia de Borgo Maggiore projettera Unplanned, le film émouvant contre l’avortement basé sur l’histoire vraie d’Abby Johnson, dont la vision pourrait remuer plus d’une conscience dans la perspective du référendum.

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