La révolution arc-en-ciel est un monstre qui a plusieurs têtes. Reconnaître leurs visages, un par un, permet de comprendre leur nature et leur portée. Dans ce contexte, les aspects économiques ne sont pas moins importants que les aspects psychologiques, éducatifs, médicaux ou juridiques. La clé réside dans l’aspect sémantique. Attacher de nouvelles significations aux principes établis est en fait le véritable secret du succès des LGBT+. Telles sont, en résumé, les conclusions de l’essai de Giovanni Stelli, Il volto amabile dell’orrore.
Fiuman, né en 1941, professeur de philosophie dans les lycées, puis professeur de pédagogie à l’université de Basilicata, Stelli a dirigé les actes du colloque Bioéthique et posthumain : peut-on encore dire bioéthique ? qui s’est tenue à Assise le 15 mars 2015, parmi laquelle figure l’essai mentionné ci-dessus.
“L’égalité, la liberté, l’autodétermination, les droits, le pluralisme et la compassion” sont les noms par lesquels nous désignons des valeurs “presque unanimement reconnues dans nos sociétés occidentales”, note Stelli. Cependant, les mêmes terminologies sont utilisées pour un certain nombre de “revendications visant à modifier non seulement la coutume actuelle, mais aussi, et surtout, la législation actuelle”. On invoque donc ici l'”égalité” et les “droits” pour en arriver à la “reconnaissance légale des mariages homosexuels” et à la “promotion de la gestation pour autrui”. Le mot “compassion” est donc utilisé “pour promouvoir l’avortement et l’euthanasie”.
En d’autres termes, derrière un “visage amical”, les nouveaux droits cachent des horreurs manifestes. Les lois annoncées à grand renfort de trompettes comme des avancées louables pour l’humanité cachent de véritables enfers. Les victimes immolées sur l’autel du “nouveau bien commun” ne manquent pas. Comme cette jeune Indienne de dix-sept ans, Sushma Pandey, qui est morte “à la suite d’une stimulation ovarienne qu’elle a subie pour la troisième fois en dix-huit mois à la clinique Rotunda Center for Human Reproduction de Mumbai, un établissement d’excellence pour les trafics liés à la fécondation in vitro et donc à la maternité de substitution”.
Stelli rapporte également le cas de Nancy Verlhest, une Belge de 42 ans, qui, après avoir subi l’opération pour devenir un homme, “insatisfaite des résultats et se sentant comme un “monstre”, a eu recours à l’euthanasie”, avec l’approbation des médecins qui considéraient qu’elle était “dans une situation incurable, avec des souffrances insupportables [psychologie] “.
Pour que de telles catastrophes éthiques et humaines soient acceptables pour l’opinion publique, “le mal doit se présenter comme le bien”, comme cela s’est déjà produit avec les “idéologies du XXe siècle”. C’est cette mystification qui a permis l’avancée incontestée des “propagandistes Lgbt”. Un bon moyen d’exposer l’illogisme de leurs arguments est de montrer que “le sens des valeurs proclamées – égalité, liberté, droits, compassion, etc. – a été profondément déformé” et que ces mêmes mots ne correspondent plus au “sens originel”.
Autre mystification mise en évidence dans l’essai : les idéologues LGBT+ rejettent l’accusation d’être “anti-famille”, tout en se proclamant en faveur des “familles plurielles” : familles “élargies”, “monoparentales”, “adoptives”, “d’accueil”, etc. Il est dommage que la même Monica Cirinnà – au moment de l’approbation de la loi sur les unions civiles qui porte son nom – dans un élan d’honnêteté intellectuelle, ait admis qu’il s’agissait “d’un premier pas vers la rupture, qui existe déjà dans notre société, par rapport à la famille traditionnelle fondée sur le mariage entre un homme et une femme”. Par conséquent, commente Stelli, “il est tout à fait clair que si chaque relation est une famille, aucune relation n’est plus vraiment une famille.”
Voici donc une autre implication de la révolution arc-en-ciel : la dissolution de la “famille traditionnelle” (ou, plutôt, de “la famille tout court”) est “fonctionnelle à la marchandisation” de tous les aspects de la vie humaine. Détruite la famille comme lieu privilégié de la “relation primaire stable et désintéressée”, les personnes sont réduites à des “atomes de consommation, à des individus concentrés sur la satisfaction de leurs désirs et capables, par conséquent, de n’entrelacer que des relations temporaires, changeantes et fongibles”.
L’économiste français Jacques Attali a théorisé (et partiellement mis en pratique) ce projet utopique, parlant de “polyamour” et de “multiparentalité généralisée”, et espérant un monde dans lequel “l’indissolubilité de la famille monogame sera dénoncée comme un anachronisme et un héritage de la société féodale”. Grâce à la “domination incontestée du désir”, à la “liberté sexuelle totale” et à la “marchandisation mondiale alimentée par un développement technique illimité”, affirme Attali, nous arriverons triomphalement à un “monde extraordinaire dans lequel tout le monde peut être heureux”.
Enfin, dans le paragraphe consacré au “néo-langage”, Stelli propose un point de réflexion très actuel, offrant une excellente clé au “texte unique Zan”. Déjà dans le document Stratégie Nationale de prévention et de lutte contre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre publié par l’Office National de Lutte contre la Discrimination Raciale (UNAR) en 2012, la “route principale” de l’étouffement de la liberté d’expression est identifiée. En effet, on conseille aux journalistes d’écrire “famille homogène” au lieu de “famille homosexuelle”, plus tranchant; “assistance gestationnelle” ou “maternité de substitution” au lieu de “utérus à louer” ; “familles” au lieu de “famille”.