Keira Bell, la jeune femme de 23 ans de Manchester qui voulait devenir un garçon, mais qui par la suite la regretté, a vu ses droits reconnus le 2 décembre 2020 lorsque la Haute Cour de justice britannique a accepté d’entendre son cas.
Elle a fait une bêtise à 16 ans, mais c’est rendue compte plus tard que c’était une grosse bêtise. Elle a donc décidé de faire amende honorable et demande maintenant des comptes à ceux qui avaient le devoir déontologique et moral de ne pas l’encourager à faire cette énorme stupidité, mais qui ne l’ont pas fait. Keira a intenté un procès à la clinique Tavistock, où, à l’âge de 16 ans, après seulement trois rendez-vous d’une heure, on lui a prescrit des agents bloquant la puberté, puis administré des doses massives de testostérone chimique parce qu’elle, une femme, avait décidé de devenir un garçon.
Les adultes ont le devoir de veiller sur ceux qui ne le sont pas. Ils ont ce devoir parce qu’ils ont plus d’expérience, parce qu’ils ont accompli de plus longues périodes de vie, parce qu’ils peuvent, au moins en partie, entrevoir ce que les plus petits, pour des raisons de nature, ne peuvent même pas imaginer. Non, il n’y a pas d’âge auquel l’ADN franchit le seuil et où l’on devient adulte. Les lois des pays ne font qu’établir des conventions pour que les États nous laissent conduire, voter, boire et quelques autres choses, mais nous savons tous que nous ne sommes pas du tout des adultes lorsque nous franchissons la frontière de cette épuisante guerre de position.
Les adultes ne deviennent pas adultes lorsqu’ils réussissent à faire les choses par eux mêmes, car cela voudrait dire jamais. C’est plutôt lorsqu’ils prennent conscience qu’ils ne se suffisent pas à eux-mêmes. Avant, quand on pense qu’on n’a besoin de personne et qu’on sait tout faire et tout supporter, on se prend pour un adulte sans l’être.
Pendant mes années universitaires, je me promenais via Paolo Sarpi, à Milan, et une des mes camarades de classe – manifestement plus avancée, comme le sont les filles, à la fois proverbialement et en moyenne, que les garçons – passant devant un cinéma jurassique éclairé en rouge, a jeté un coup d’œil aux panneaux clignotants assez longtemps pour siffler “Films pour adultes”. Oui, “pour adultes”…”. Cet enseignement m’a collé à la peau, et ce moment-là ne s’enlève toujours pas. L’âge adulte est un badge qui se mérite sur le terrain : il ne s’agit pas d’un classement ministériel à points.
La jeune femme Keira qui rêvait de devenir un homme adulte, ne l’était pas, et les adultes qui l’entouraient étaient rien d’autres que des découpes de carton. Ils ont laissé faire, cyniques et désintéressés. Ils l’ont laissé partir, comme un paquet vide qui ne vaut même pas les quelques centimes du retour. Ils l’ont laissé voguer à vue, ballotté par les flots, naufragé sans compagnons, se brisant sur des rochers acérés. Le procès que Keira réclame maintenant suivra son cours, mais les adultes en papier mâché comme ceux qui l’ont jetée à l’eau sont moralement et culturellement coupables au-delà de tout doute raisonnable devant un tribunal.
On aurait dû dire “non” à Keira, mais au lieu de ça, on lui a dit “oui”. Il n’est pas vrai que “les jeunes doivent faire leurs propres expériences”. Si c’était vrai, le monde resterait bloqué à l’âge de pierre sans avoir progressé d’un pas de fourmi. Il s’agit plutôt de confronter les jeunes aux expériences passées afin qu’ils puissent les vivre.
Bernard de Chartres, qui a vécu au 12e siècle, a dit que “nous sommes comme des nains sur les épaules de géants”. Metalogicon de Jean de Salisbury (1120-1180), et tout le monde l’a chérie, même le “moderne” Sir Isaac Newton (1643-1727), mais cette maxime ne serait qu’un exercice d’intellectualisme vide de sens, voire un tas d’inepties, si elle n’était pas forgée dans le creuset des relations entre parents et enfants, entre frères et sœurs ou cousins plus âgés et plus jeunes, entre amis plus âgés et plus jeunes.
Il fallait arrêter Keira, et le faire ne serait pas de la prévarication mais de la charité. Au lieu de cela, on l’a laissée atteindre le précipice et, lorsque Keira s’est retournée pour une dernière aide désespérée et inconsciente, ils la laissèrent trébucher, sifflant tout en détournant les yeux.
Maintenant, oui, Keira est une adulte, marquée par des expériences que les faux adultes auraient dû lui épargner. En pleine conscience et à plusieurs reprises, elle sait maintenant qu’elle a le droit de demander des comptes aux ombres et au carton de Tavistock. Son cas sera le géant sur lequel s’assiéront tous les nains de demain, lorsque les adultes de la lumière rouge leur parleront, comme Barbe Bleue, de “changement de sexe”, de “transition de genre” et autres fléaux.
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