C’est un nouveau signe d’un monde de plus en plus oppressif et restreignant la liberté. Récemment, les citoyens suisses ont voté à une large majorité – plus de 63% – en faveur du projet de loi qui punira la “discrimination homophobe”.
Mais ce langage est pervers. Bien sûr, il est logique de ne pas discriminer une personne sur la base de caractéristiques telles que la race, la religion, le sexe ou les préférences sexuelles. Cela ne se produit que dans les États totalitaires ou fanatiques, et accueillir cette discrimination avec satisfaction reviendrait à prôner le totalitarisme ou le fanatisme. Mais la discrimination des personnes est une chose et traiter différemment différents types de relations avec distinction en est une autre. D’ailleurs, il existe une différence entre le sexe et les préférences sexuelles. Et plus encore, soutenir que le genre d’une personne coïncide avec son sexe et que ses préférences sexuelles sont des choix subjectifs, des attitudes, des modes, des constructions mentales et des idéologies qui peuvent et doivent être jugées – en particulier lorsqu’elles concernent l’intérêt général – est encore autre chose. Je continuerai d’enseigner à mes enfants que discriminer quelqu’un d’autre en raison de son sexe, ou parce qu’il est homosexuel, est un abus qui ne doit pas être toléré; mais je continuerai aussi à leur enseigner que les actes homosexuels sont mauvais, et sont même des péchés – et il n’y a pas la moindre contradiction entre ces deux enseignements. Je n’apprendrai jamais à mes enfants à discriminer un homosexuel en raison de son orientation sexuelle, mais je continuerai à leur enseigner la liberté de considérer moralement l’activité homosexuelle. En fait, je ne suis pas un “homophobe” et je ne veux pas que mes enfants grandissent “homophobes”. Mais «l’homophobie» existe-t-elle seulement?
Qu’est-ce que l’homophobie, en réalité? Si le terme signifie uniquement la discrimination ou le mauvais traitement contre une personne en raison de ses préférences sexuelles, il s’agit d’une discrimination visant la personne et, en tant que telle, elle doit être prévenue et punie. Les goûts sexuels d’un individu ne sont, en la matière, pas plus pertinents que la couleur de la peau, la religion en laquelle il croit ou le groupe ethnique auquel la personne appartient: elle est toujours une personne, c’est-à-dire un individu avec des droits inviolables, et personne ne peut la discriminer, précisément parce qu’elle est porteuse de ces droits inaliénables. Ainsi, aucune personne homosexuelle ne devrait être discriminée pour sa préférence sexuelle, de même qu’aucune personne ne devrait être discriminée pour une autre raison. Néanmoins, la croyance que les actions homosexuelles sont mauvaises, que beaucoup tiennent pour un principe religieux, doit être pleinement autorisée par les États, exactement pour la même raison: parce que personne ne devrait être victime de discrimination.
D’un autre côté, si l’«homophobie» signifie simplement ce genre de jugement négatif porté sur les actes homosexuels, alors le mot est un grave abus, une sorte d’instauration d’un «délit d’opinion», un bâillon imposé à la liberté de conscience et à la liberté d’expression . Après tout, pourquoi une personne homosexuelle devrait-elle être libre de brandir le drapeau de la «fierté», et même de propager le mode de vie homosexuel, quand ceux qui croient que l’homosexualité est mauvaise ne pourraient pas également exprimer leurs croyances librement?
En Suisse, le bâillon a gagné. Seuls les citoyens suisses homosexuels, ou ceux qui sont d’accord avec eux, auront toute liberté de faire et de dire ce qu’ils veulent; tandis que les citoyens suisses qui pensent que le comportement homosexuel est mauvais n’auront pas la possibilité de le dire. C’est un abus évident, mais un de ceux que notre monde semble de plus en plus aimer: c’est un monde de moins en moins libre, et de plus en plus discriminatoire.
Ceux qui fêtent maintenant leur victoire disent que le vote suisse est une barrière contre la haine. En fait, c’est le contraire qui est vrai. L’auto-satisfaction est la caractéristique proverbiale des tyrans, et le cas suisse ne fait pas exception. Dire que les relations homosexuelles sont mauvaises, et même qu’elles sont un péché, n’est toujours pas une incitation à la haine (car cette affirmation distingue entre les actes et les personnes); alors que vilipender ceux qui ont une opinion différente avec des mots effrayants comme “homophobie” pourrait très bien être considéré comme une incitation à la haine. Pourquoi ne serait-ce pas de la haine d’accuser ceux qui pensent différemment d’obscurantisme, d’arriération, de fanatisme, et même de fascisme? Pourquoi, aujourd’hui, la défense de la liberté de croyance et d’expression ne comprend-elle que les croyances de certaines personnes?
La liberté est tout ou rien. Pourquoi la communauté LGBT +, qui qualifie d ‘”homophobe” ceux qui pensent différemment, juste parce qu’ils pensent différemment, veut-elle imposer au monde entier ce despotisme et cette restriction de liberté? Pourquoi le fait que quelqu’un puisse être libre de dire que l’homosexualité est mauvaise est-il considéré comme si menaçant? N’est-ce pas seulement une peur de la liberté?
Je ne crains pas du tout la liberté d’une personne homosexuelle de faire ou de dire à sa guise. Au contraire, je crains le despotisme de ceux qui veulent m’imposer une idée, à moi et à ma famille, ceux qui veulent restreindre notre liberté et imposer une seule façon de penser. Je crains ce dogme et cette “religion”: le dogme de l’uniformité et la religion du conformisme. Oui, je voudrais que les homosexuels se battent pour mon droit d’être libre de critiquer l’homosexualité, tout comme je reconnais et lutte pour que la liberté des homosexuels soit exempte de discrimination et que leurs propres droits inaliénables soient respectés plutôt que subordonnés à un comportement, une mode , une construction mentale, une idéologie, ou même simplement un désir. Ce serait un monde plus juste … mais je soupçonne que ce n’est pas le monde espéré par ceux qui, au lieu de se confronter sur le terrain des idées (et peut-être des données), recourent au langage de l’intimidation, de l’excommunication, de l’ostracisme, de l’exil, de la verge et du pouvoir de police.
C’est juste une intuition, mais j’ai le sentiment que la plupart des Suisses qui ont voté “oui” au référendum l’ont fait dans la conviction qu’ils empêchaient sérieusement la discrimination contre les homosexuels; en réalité, ils ne font que restreindre la liberté de désaccord, comme veulent le faire tous ceux qui évitent le débat.