Cet article a été publié sur le site web de Alleanza Cattolica le 1er décembre 2020 avec le même titre
Il y a cinquante ans, le divorce devenait légal en Italie, après de nombreuses tentatives qui ont débuté au XIXe siècle. Aujourd’hui encore, les commentateurs justifient la nécessité et la bonté de la loi promue par les députés Loris Fortuna (1924-1985) et Antonio Baslini (1926-1995) par une série interminable de cas pitoyables et dramatiques, qui émeuvent les lecteurs. La même technique a été utilisée quelques années plus tard pour justifier la loi qui a légalisé l’avortement en 1978 : face à un problème, vous éliminez une personne ou, comme le dit le pape François, vous louez un tueur à gages.
Face à un nombre indéterminé de drames familiaux, qui a été élargi pour favoriser l’approbation de la loi, le principe de droit naturel du “mariage pour toujours”, ce principe d’indissolubilité qui ne découle pas de la foi catholique, mais de la nature de la personne humaine et de ses relations, a été nié d’un point de vue juridique. Il en résultera non seulement d’autres cas dramatiques, en particulier la souffrance des enfants, qui viendront s’ajouter à ceux utilisés pour justifier la loi sur le divorce, mais la valeur, également juridique et publique, de l’unité de la famille comme fondement de la société et comme modèle de référence sera niée.
Depuis cette date, le 1er décembre 1970, un processus d’érosion des principes cardinaux de la vie sociale certainement liés à l’inculturation de la foi dans la tradition italienne, tels que le caractère sacré de la vie, la centralité de la famille fondée sur le mariage pour toujours d’un homme et d’une femme, la liberté en matière d’éducation des enfants et la religion, s’est manifesté. Cependant, ces principes ne sont pas réservés à la foi chrétienne, mais appartiennent à une loi naturelle inscrite dans le cœur de chaque homme.
Le point est décisif, car la bataille qui a suivi dans les quatre années suivantes, jusqu’au référendum abrogatif de 1974, a été menée sur le front du divorce précisément sur ce point : selon les promoteurs de la loi, les catholiques voulaient imposer leur conception du mariage à ceux qui ne le sont pas, presque une sorte d’imposition de la foi.
De nombreux catholiques sont tombés dans le piège et ont plaidé en faveur de la non-abrogation de la loi lors du référendum, qui avait entre-temps été obtenu grâce à une collecte de signatures menée par un comité présidé par le professeur Gabrio Lombardi (1913-1994). L’enjeu, comme l’a fait valoir le promoteur du référendum pendant quatre ans, n’est pas un sacrement de l’Église, qui, de toute façon, resterait valable pour les fidèles, mais une institution civile, car la famille n’est pas une institution qui concerne uniquement les catholiques.
Le résultat du référendum, en 1974, a vu la confirmation de la loi avec plus de 59% des presque 90% des électeurs. Et il a révélé, à ceux qui ne l’avaient pas encore remarqué, que le christianisme italien avait définitivement cessé d’exister, même s’il y avait encore des “morceaux” ou des “lambeaux” de sociétés inspirées par la tradition chrétienne.
Afin de défendre ces “lambeaux”, c’est précisément à cette occasion qu’Alleanza Cattolica a commencé son activité publique en tant qu’association, récemment constituée, recueillant une partie des signatures pour l’appel au référendum et participant ensuite activement à la campagne référendaire. Cette dernière a été marquée par une crise interne particulièrement importante dans le monde catholique, due à la fois au manque d’engagement des démocrates chrétiens, à l’exception, parmi les “grands”, d’Amintore Fanfani (1908-1999), mais surtout à l’engagement public de soutenir la loi sur le divorce d’un groupe d’intellectuels et de représentants des associations catholiques, qui a déchiré l’unité de l’Église sur un point qui n’était pas contestable dans sa doctrine.
Le résultat du référendum a non seulement ouvert les yeux de tous sur le fait que les catholiques étaient devenus une minorité culturelle, mais il a également montré de façon dramatique la division au sein même de l’Église sur des questions fondamentales, comme cela avait déjà été constaté deux ans plus tôt, en 1968, à la suite de la publication de l’encyclique Humanae vitae de Saint Paul VI.
Cinquante ans plus tard, le processus de laïcisation en est venu à remettre en cause l’identité sexuelle de la personne avec la diffusion de l’idéologie du genre, en passant par la légalisation de l’avortement (1978) et les récentes lois sur la fin de vie (n° 219/2017) et les unions civiles (n° 76/2016). C’est à cette époque qu’est né un mouvement pro-life et pro-famille important, courageux et jamais abattu, composé de différentes réalités opérant dans de nombreux domaines de la vie publique, qui a simultanément lutté pour défendre les principes de la vie et de la famille et a travaillé à sauver des vies et des familles par une assistance concrète. Les deux phases – l’opposition aux lois injustes et l’explication des principes de la vie et de la famille (ainsi que l’aide concrète) – semblent de plus en plus nécessaires pour défendre le peu qui reste à sauver et pour reconstruire tout ce qu’il faut restaurer, à long terme et avec beaucoup de patience.