Depuis plusieurs jours, l’île antillaise de Saint-Vincent est entièrement recouverte de cendres en raison des éruptions violentes et répétées du volcan La Soufrière. La situation est si critique que le Premier Ministre, Ralph Gonsalves, a ordonné l’évacuation de 16 000 personnes dans le nord de l’île. Mais il a posé une condition : seuls ceux qui ont reçu le vaccin seront secourus. Et les autres ? Ils ne pourront pas monter à bord des navires d’évacuation et devront rester à la merci du volcan.
Une situation explosive
Dans une vidéo, M. Gonsalves a expliqué que “le médecin-chef identifiera les personnes qui ont déjà été vaccinées afin qu’elles puissent être transférées sur les bateaux.” L’équipe du Centre sismique de l’Université des Antilles à Kingston, en Jamaïque, a estimé que la colonne de cendres libérée par la première explosion s’est élevée à 10 kilomètres au-dessus de l’île. Jusqu’à présent, c’est l’explosion la plus forte. Mais Richard Robertson, un géologue de cette université, a déclaré lors d’une conférence de presse qu’il pourrait y avoir pire. Les experts ont ajouté que les éruptions explosives pourraient se poursuivre pendant des jours, voire des semaines. Les habitants de Saint-Vincent ont également été témoins du terrible phénomène de l’orage éruptif, qui consiste en la formation d’éclairs dans la colonne de fumée. La dernière éruption du volcan remonte à 1979, mais l’éruption contemporaine la plus spectaculaire a eu lieu en 1902 et a fait 1 600 victimes.
Habitants réfractaires aux vaccins
La possibilité qu’un scénario aussi tragique se répète agite les autorités de l’île, mais il est évident que leur principale préoccupation est que les gens soient vaccinés. Le fait est que la plupart des personnes évacuées seraient logées dans les îles voisines de Sainte-Lucie, Grenade, Barbade et Antigua, qui exigent toutefois une vaccination avant d’accueillir quiconque. “Si les gens sont prêts à vous accueillir pendant une pandémie, ils souhaitent aussi pour vous le plus haut niveau de protection possible”, a commenté le Premier Ministre Gonsalves devant la presse. Un sénateur de l’opposition, Shevern John, a déclaré que de nombreuses personnes seraient prêtes à rester sur l’île et à rejeter le plan. “Les gens ont très peur du vaccin,” rapportait Reuters. Selon les données de l’Organisation Mondiale de la Santé rapportées par Le Times, seuls 10 % des quelques 100 000 habitants de Saint-Vincent ont été vaccinés jusqu’à présent.
La catastrophe pourrait durer des années
“Tout ne sera pas parfait, mais si nous travaillons tous ensemble… nous en sortirons plus forts que jamais”, a déclaré M. Gonsalves. Il a également ajouté qu’il pourrait s’écouler des mois avant que les gens puissent retourner chez eux. Mais tout dépend de l’ampleur des éruptions. Les experts n’excluent pas que la résolution de la catastrophe puisse prendre non pas des mois, mais des années. Et en attendant, qui garantira le droit à la vie de ceux qui ne sont “coupables” que de ne pas être vaccinés, comme si on pouvait se vacciner soi-même ? Après tout, peut-être que l’ère COVID-19 introduit déjà de nouvelles et lourdes formes de discrimination…