Le sujet est toujours la loi hongroise sur la protection des enfants, celle que tout le monde critique sans l’avoir lue. La semaine dernière, il y a eu l’absurde levée de boucliers de la moitié de l’Union Européenne (UE), y compris ses dirigeants et notre pauvre Italie. Particulièrement mal aimés, les propos illibéraux du Premier Ministre néerlandais Mark Rutte, qui a candidement invité Budapest à quitter l’Union Européenne si elle ne se plie pas à un certain conformisme idéologique. Au contraire, il a explicitement déclaré qu’il n’y a pas de place dans l’Union Européenne pour une Hongrie qui ne s’incline pas devant la voix de son maître.
C’est curieux, pour au moins deux raisons.
La première est que la loi hongroise en question reste une bonne loi de bon sens qui protège les enfants de tout harcèlement, hétérosexuel, homosexuel ou autre. Il s’agit en fait uniquement de la protection des mineurs contre les agressions, et non de l’homophobie. Car sinon, il faudrait parler d'”hétérophobie”, puisque la loi hongroise pour la protection des mineurs met à l’index toute agression ou harcèlement de mineurs, qu’ils soient homos ou hétéros. Le rédacteur en chef de “iFamNews” est hétérosexuel, mais il ne crie pas au scandale “hétérophobe” si une loi protège les enfants des abus hétérosexuels : il défend simplement la loi parce que c’est une loi bonne et intelligente qui fait abstraction de l’orientation sexuelle, homo ou hétéro, du harceleur. Il applaudit simplement une loi qu’il ne se lassera jamais de qualifier, en tant que professionnel, mari, père et gentleman, de loi de bon sens puisqu’elle défend les enfants contre toutes sortes d’agressions. J’aime ces exercices de logique minimaliste, que le monde dans lequel nous vivons a plutôt désappris à apprécier, et le lecteur ne m’en voudra pas si je les propose de temps en temps.
Si ce n’est pas de l’homophobie, puisque ce n’est même pas de l'”hétérophobie”, pourquoi le monde de l’idéologie LGBT+ est-il si en colère contre la loi hongroise protégeant les mineurs, croyant qu’il s’agit d’une loi homophobe, mais qui n’est pas homophobe parce que sinon elle serait aussi “hétérophobe” ? Peut-être parce qu’ils pensent que les enfants ne devraient pas être protégés de toute agression ? Bien sûr que non. Et alors ?
J’en viens maintenant à la deuxième raison de la curiosité que suscitent les propos de M. Rutte.
Qui est M. Rutte pour dire à un État membre de l’UE du même rang que celui qu’il représente de manger cette soupe ou de sauter par la fenêtre ? Qui est M. Rutte pour dire au Premier Ministre hongrois Viktor Orbán ou vous vous soumettez aux dictats idéologiques ou vous partez ? M. Rutte s’est-il vu remettre les clés de la porte de l’UE ?
Bien sûr, le fait est que Rutte n’est pas le seul à le penser, à tel point qu’aucun de ses pairs n’a été scandalisé par ses propos peu libéraux sur la Hongrie. Mais la question ne change pas. Avons-nous construit l’UE pour devenir des serviteurs, pour servir l’arrogance des puissants, pour être soumis à leurs impositions ? Au pif, je dirais qu’un Robert Schuman (1886-1963), tout juste déclaré “vénérable”, avait une idée différente de l’UE. Encore une fois, je dirais, à première vue, que ce n’est pas si différent de ce que M. Orbán a dit hier matin à la radio publique hongroise lorsqu’il a traité M. Rutte de colonialiste.
Des mots, c’est-à-dire de cette liberté dont les dirigistes conformistes de Rutte ont perdu le sens. Il s’agit d’une question très grave, étant donné que l’objet du litige est, et reste toujours, la défense des mineurs contre tout type d’agression et de harcèlement.