Thomas Molnar : la décomposition de l’autorité commence par la décomposition de la famille.

La gauche essaie de détruire la famille, puis l'État tout entier. Le rempart contre ce phénomène est la restauration de la véritable autorité.

Portrait de famille/image : Wikicommons

De nos jours, la première impression que les gens ont de “l’autorité” est négative. Mais – que vous le vouliez ou non – l’autorité est omniprésente : dans la famille, à l’école, au tribunal, à l’église et dans la nation en général. Aucune de ces structures ne pourrait fonctionner sans autorité ; en effet, sans autorité, ces groupes ne seraient pas des structures mais de simples conglomérats de personnes. Quelqu’un est “en charge” et “prend des décisions” – quelqu’un a donc une “autorité”.

Selon le philosophe, historien et théoricien politique hongrois Thomas Molnar (1921-2010), l’autorité fait partie intégrante de la nature humaine. Nous suivons l’autorité parce qu’elle fait appel à un “consentement préexistant du cœur”.

Dans son ouvrage L’autorité et ses ennemis (1976), Molnar entreprend une analyse approfondie de l’autorité et des idéologies qui cherchent à l’abolir ou à la détruire.

L’ensemble repose sur l’idée qu’aucun groupe de personnes ne peut exister sans autorité. Aristote, Cicéron, Thomas d’Aquin et d’autres : tous s’accordent à dire que les gens ne s’unissent pas par simple nécessité, mais que dans la nature sociale de l’homme, l’aspiration à quelque chose de “supérieur” est inhérente et fondamentale – et que ce “bien commun” supérieur ne peut être atteint que par une structure sociale avec un déploiement de l’autorité.

Ce qui est fascinant ici, c’est que les ennemis de l’autorité, qui sont nombreux, travaillent avec des outils politiques pour détruire les structures dans lesquelles les êtres humains se développent socialement.

En premier lieu, il y a la famille.

“En effet, la majeure partie de l’assaut contre l’autorité se concentre dans la famille, où le futur adulte et citoyen est amené à la réalisation rationnelle d’une petite réplique du bien commun, un modèle des institutions qui seront les étapes de tous ses actes de citoyenneté ultérieurs”, écrit Molnar. La famille est l’école de l’autorité où les parents guident les enfants vers l’âge adulte. (Cf. p. 96)

L’hypothèse de base des ennemis de la famille et de l’autorité est que l’enfant, non entravé par les punitions et les limites, deviendra quelque chose de bon et ne développera que le meilleur côté de son caractère.

“L’homme est né libre, et partout il gît enchaîné”, a formulé Rousseau, marquant une fois pour toutes la position anti-autoritaire. La seule chance de transformer cette civilisation en utopie serait, avant tout, de libérer l’enfant, cet être encore malléable, de le libérer des contraintes”, écrit-il encore. (Cf. p. 97)

“L’idéal, dans cette optique, serait de limiter la famille à deux partenaires d’accouplement et au rôle de pourvoyeur de la mère dans la période précoce, après quoi l’enfant va à la crèche et à l’école communale (étatique).” (Cf. p. 97)

Cette nationalisation de l’enfant transférerait son obéissance de ses parents à l’État, conférant à ce dernier un pouvoir et un contrôle sur l’individu, même dans ses derniers stades de développement.

Cette nationalisation de l’enfant ne peut être contrée que dans la famille, où les enfants peuvent faire l’expérience naturelle du lien entre l’autorité et l ‘amour, l’obéissance et la recherche du bien, et où – pour emprunter un jeu de mots à Gustav Siewerth – l’audace et la préservation sont vécues.

Néanmoins, la famille a besoin de l’État, admet aussi Molnar.

“[Ce développement anti-autoritaire n’est] ni la faute de la famille, ni celle de l’État (on ne peut évidemment pas négliger la faute de l’État, qui se plie au moins à la volonté du législateur lorsqu’il promulgue des lois anti familiales, comme l’avortement), on peut néanmoins parler de l’absence de coopération de tous les maillons majeurs de la chaine de l’autorité, une non-coopération d’une telle ampleur qu’on pourrait dire qu’une contre-authenticité est apparue là où la continuité de l’auteur était légitimement attendue.” (Cf. pp. 98-99)

La famille ne peut survivre et s’épanouir sans les structures de la société – et de l’État. Mais ce lien offre surtout une opportunité : la famille peut intervenir dans les structures et ainsi transformer l’ Etat, vers une structure pro-familiale, comme cela a déjà été mis en place avec succès dans certains pays d’Europe, comme la Hongrie. Si l’État, en retour, mène une politique familiale favorable, une synergie est créée depuis le noyau de la société jusqu’aux grandes structures d’ensemble qui constituent une véritable nation.

Molnar a tenu à aspirer à ce modèle et à le proposer comme solution à l’absence moderne d’autorité.

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