Quand Amazon devient un déni

Amazon rejoint la liste des grandes entreprises technologiques prêtes à faire taire et à "annuler" toute voix qui ne s'alignerait pas sur la politique d'identité sexuelle la plus radicalement progressiste.

Il y a un vieux jeu de mots qui dit : “Le déni (denial in english ndlr) n’est pas seulement un fleuve en Egypte.” Ce jeu de mots vient à l’esprit en pensant à ce géant de la technologie nommé d’après un autre fleuve célèbre, Amazon.com, et à son adhésion croissante à la “prise de conscience des entreprises” et à d’autres excès absurdes du politiquement correct moderne.

Comme de nombreux leaders du secteur des technologies de pointe, Amazon est devenu de plus en plus une bulle de pensée de groupe progressiste, qui s’adresse aux sensibilités élitistes et déconnectées de sa culture interne et à l’aile idéologique progressiste de la politique américaine plutôt qu’aux diverses populations qu’elle est censée servir.

En témoigne la récente “annulation” du best-seller Quand Harry est devenu Sally : Réagir au moment de la transsexualité par le Dr Ryan T. Anderson, chercheur conservateur et président du Ethics & Public Policy Center. Le statut de best-seller du livre a été attesté non seulement par le fait qu’il a atteint la troisième place sur la liste des livres de poche non fictifs du Washington Post, mais aussi par le fait qu’il est en tête de l’une des catégories propres à Amazon ! Il est évident que les intérêts de ses clients importent moins que de plaire à ceux qui se trouvent dans sa propre sphère sycophante

Anderson lui-même a rapporté la nouvelle sur Twitter dimanche après-midi, en écrivant : “J’espère que vous avez déjà acheté votre exemplaire, car Amazon vient de retirer mon livre […] de leurs cyber-écrans…. mes quatre autres livres sont encore disponibles (pour l’instant).”

Comme l’a noté le Daily Caller, d’autres voix conservatrices éminentes se sont rapidement jointes à Anderson pour exprimer leur consternation face à cette évolution, notamment l’éminent conservateur professeur Robert P. George de Princeton, qui avait déjà co-signé un livre avec Anderson :

Alors que le livre d’Anderson a été retiré d’Amazon, l’auteur Rod Dreher a noté qu’un livre écrit en réponse à Anderson était toujours en vente sur le site :

Ce deuxième livre, Laissez Harry devenir Sally de Kelly R. Novak, se présente sur Amazon comme “l’autre livre de Harry/Sally” – une description qui est assez étrange maintenant que le “OG” “Harry/Sally book” a disparu du site web. Ironiquement, si l’on recherche le titre de l’œuvre d’Anderson, y compris le sous-titre complet, le premier résultat de la recherche est le livre écrit en regard de sa thèse.

En ce qui concerne l'”autre” livre, les prétentions de Novak à une bourse sérieuse défiant Anderson sont minées dès la première page de la préface. Dans le premier paragraphe, par exemple, elle écrit

“… les pensées, actions, lois, articles et livres anti-transgenres sont en augmentation. IMHO (A mon avis, ndlr), un bon exemple est ” When Harry Became Sally” de Ryan T. Anderson.

La façon dont elle prétend savoir que les “pensées” d’un type particulier “ont augmenté” dépasse l’entendement, tout comme la façon dont elle pourrait se permettre de présenter une liste aussi inappropriée comme un seul sujet collectif d’un verbe. On ne s’attend pas non plus à trouver ne serait-ce que l’affirmation “à mon avis” dans des travaux sérieux et académiques – sans parler de l’acronyme “IMHO” utilisé dans les SMS.

Ce n’est rien à côté des hurleurs qui suivent sur la même page, comme le montre la capture d’écran ci-dessous de l’édition Kindle :

Capture d’écran de la première page de la préface de l’édition Kindle de Let Harry Become Sally.

Ah, oui, cette démonstration de preuve, connue et appréciée par les chercheurs sérieux du monde entier : le mème d’une statue qui se cache derrière un visage.

Le fait est que le livre de Novak est en toute transparence, dès la première page, tout ce que les critiques ignorants du livre d’Anderson prétendent qu’il est : un manifeste idéologique mesquin, composé d’attaques personnelles et de données triées sur le volet. Le ton, par contre, de l’œuvre d’Anderson est mesuré, compatissant, érudit et circonspect. Et pourtant, un seul de ces livres est considéré comme digne d’être vendu par les gardiens de l’anti-culture d’Amazon.

Pourquoi Amazon a-t-elle pris cette mesure ? À ce stade, il semble qu’ils n’aient pas publié de déclaration officielle ni répondu aux demandes de commentaires des médias. Anderson spécule cependant sur une raison possible, qui semble convaincante. Il a tweeté ce matin : “Le moment où Amazon a fait disparaître mon livre sur les transgenres est, euh, opportun… Mon article d’opinion dans le New York Post d’aujourd’hui porte sur le vote de la Loi sur l’Egalité de cette semaine. (Je ne savais pas que mon livre serait retiré quand j’ai écrit l’article.)”

Il semble peu probable qu’Amazon ait exercé des représailles pour l’article lui-même, étant donné le moment choisi, mais Anderson pourrait néanmoins être sur la bonne voie. Avec l’introduction de la Loi sur l’Egalité la semaine dernière, et son vote à la Chambre prévu pour mercredi de cette semaine, il n’est pas invraisemblable qu’Amazon ait commencé à ressentir une certaine pression politique pour faire plus pour “la cause” ces derniers temps. Comment expliquer autrement pourquoi le livre d’Anderson a soudainement été jugé inapte à figurer sur la liste, alors qu’il est sur le site depuis 2018, et même qu’il y a été classé comme un best-seller pendant un certain temps ?

Quelle que soit l’explication du moment choisi, les motivations d’Amazon ici, ne font aucun doute, et elles devraient tous nous alarmer. Amazon rejoint la liste des grandes entreprises technologiques prêtes à faire taire et à “annuler” toute voix qui ne s’alignerait pas sur la politique d’identité sexuelle la plus radicalement progressiste. Et même si ce geste d’Amazon n’est qu’une coïncidence avec l’introduction de la Loi sur l’Egalité au Congrès, ce serait une coïncidence qui résonnerait d’un sinistre son de cloche. Car si les conservateurs tremblent devant les actions d’Amazon et d’autres géants de la technologie en ce moment, dans le climat actuel, combien plus auront-ils à craindre si ces actions sont non seulement sanctionnées mais encouragées par la force de la loi fédérale ?

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