Légaliser l'”utérus à louer” en changeant son nom

C'est ce que les radicaux tentent de faire par le biais de la "grossesse solidaire", encore une énième saleté...

maternité de substitution

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La “gestation pour autrui” est-elle une idée indigeste pour la grande majorité de la population ? Ne vous inquiétez pas : il suffit de procéder étape par étape, et d’édulcorer la pilule. La stratégie des radicaux est toujours la même : fourbe et en même temps prévisible. D’une part, des provocations anthropologiques sont mises en avant pour conditionner le débat, tandis que d’autre part, les canaux institutionnels sont poursuivis, en tentant toutes les médiations possibles.

La discussion au parlement sur le “texte unique Zan” n’a pas encore repris et déjà un nouveau projet de loi apparaît, appelé Régulation de la grossesse solidaire et altruiste. Le projet, déposé à la Chambre des députés ces derniers jours, a déjà vu les premiers signataires : Guia Termini (Mouvement 5 étoiles, M5S), Doriana Sarli (M5S), Riccardo Magi (Groupe mixte/Azione/+Europa-Radicali Italiani), Nicola Fratoianni (Sinistra Italiana) et Elisa Siragusa (M5S).

La véritable direction de l’opération est toutefois assurée par les associations “Luca Coscioni” et “Certi Diritti”. Les deux think tanks radicaux entendent ainsi répondre à la proposition de loi de Giorgia Meloni visant à faire de l'”utérus à louer” un “crime universel”. Selon les propos de Filomena Gallo et Leonardo Monaco, respectivement secrétaires de “Luca Coscioni” et de “Certi Diritti”, l’introduction de la “grossesse solidaire et altruiste” viserait à “vaincre le tourisme reproductif et la discrimination à l’égard des aspirants parents”. Selon Gallo et Monaco, “en 2021, compte tenu également des récents avertissements du Conseil constitutionnel sur les droits des enfants des familles arc-en-ciel, une réponse répressive représenterait un recul coupable”.

Le projet de loi des associations radicales viserait les femmes qui, “de manière libre, autonome et volontaire”, choisissent “d’accueillir dans leur utérus un embryon développé par des techniques de fécondation in vitro, afin de favoriser son développement jusqu’au terme de la grossesse, y compris l’accouchement”. L’intention, dit-on, est de répondre aux désirs de maternité et de paternité de nombreux couples infertiles, à un moment où la fécondité de la population italienne est en forte baisse. L’objectif est donc de réglementer cette pratique, afin d’éviter que ces couples ne s’en remettent à des “intermédiaires non autorisés à la crédibilité douteuse”. Le modèle de référence est celui déjà réglementé au Royaume-Uni, au Canada et en Grèce, où les mères porteuses ne reçoivent qu’un remboursement des frais de santé encourus pendant la grossesse.

L’accès à la gestation pour autrui et à la parenté “d’accompagnement” est autorisé aux célibataires ou aux couples “cohabitant ou unis civilement sans aucune discrimination”, donc également de même sexe, à condition qu’ils soient “majeurs, en âge de procréer et vivants” (art. 3). La mère porteuse (art. 4) doit avoir entre 21 et 45 ans, résider en Italie, qu’elle ait ou non la nationalité italienne, et avoir déjà un enfant vivant. Une autre condition contraignante est qu’aucune femme ne peut mener plus de “deux grossesses complètes, solidaires et altruistes” au cours de sa vie. Exceptionnellement, le nombre de “grossesses solidaires” peut être porté à trois, si le ou les parents bénéficiaires du service ont déjà eu un enfant par la même technique et de la même femme.

L’article 5 stipule que la femme enceinte “solidaire” ne peut pas faire implanter ses gamètes dans l’utérus. Dans le contrat, le ou les parents bénéficiaires doivent souscrire “une police d’assurance, en faveur du Gestant, pour couvrir tous les risques liés à la grossesse et à l’accouchement.” Le parent ou le couple, en outre, sont tenus “d’ouvrir un compte bancaire dédié, par le versement d’un montant approprié pour couvrir tous les coûts liés au parcours de la grossesse solidaire et altruiste”. Ce compte ne peut être clôturé que six mois après la naissance (article 3). Enfin, le projet de loi prévoit la création d’un “registre national des femmes enceintes”, dont les données seront conservées pendant trente ans “comme le prévoit également la réglementation en vigueur en matière de traçabilité et de sécurité des données traitées par les instituts tissulaires” (art. 7).

Les premières réactions contre la proposition de loi viennent, comme prévu, du centre-droit et, en particulier, de la Ligue. Dans une note, la députée européenne Alessandra Basso se moque du “nom affectueux” donné à “cette pratique aberrante”. Au-delà du vernis rassurant apporté par l’expression ” grossesse accompagnée “, il s’agit d’un ” projet de loi clivant et idéologique qui vise à rendre légal l’échange d’êtres humains, comme s’ils étaient des objets, et la réification des femmes. ” L’espoir de M. Basso est que “tout comme le projet de loi Zan”, cette proposition “sera reportée à la prochaine législature”. De son côté, la sénatrice Simone Pillon écrit sur Facebook: “Ils savent qu’ils n’ont aucune chance dans cette législature, mais ils préparent le terrain pour la bataille culturelle qui, dans quelques années, transformera l’horreur de la mère porteuse en droit à la ‘grossesse assistée'”. Selon le sénateur italien, le projet de loi des radicaux est la énième confirmation du “pouvoir du néo-langage” avec lequel nous avançons “à la vitesse de la lumière vers le transhumanisme, vers l’humanité 2.0 dans laquelle le mal devient bien, le mensonge est la seule vérité et la mort est le seul vrai dieu”.

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