L’exemple du Malawi : le taux de mortalité lié à l’avortement illégal est-il élevé ?

Les chiffres montrent qu'il n'y a pas de "milliers de femmes qui meurent d'avortements clandestins", même dans les pays africains où les systèmes de soins médicaux sont déficients.

Drapeau du Malawi

Les politiciens pro-choix estiment que l’interdiction des avortements légaux entraîne la multiplication des avortements criminels. Ils affirment également que si une femme pense à avorter, elle le fera forcément, quelles que soient les conditions, de sorte que le nombre d’avortements n’est pas réduit par l’interdiction, mais que les conditions sont considérablement aggravées. Selon eux, le passage de l’avortement à une niche criminelle devrait entraîner une augmentation des complications et des décès.

Comment suivre la réalité des avortements clandestins ? Les études spéciales, en particulier les études sur le terrain, sont très importantes dans ce domaine.

L’une de ces études a été réalisée en 2001 au Malawi, pays africain chrétien où l’avortement est illégal (sauf en cas de menace pour la vie de la mère). Le Malawi est un pays chrétien dont la population est essentiellement rurale. Le taux de mortalité maternelle y est élevé.

Des tentatives de légalisation de l’avortement ont été faites à plusieurs reprises au Malawi, un projet de loi similaire ayant été rejeté à l’unanimité par le parlement local en 2021 et le suivant ayant été retiré par l’auteur lui-même. Les défenseurs de l’avortement continuent d’affirmer qu’un très grand nombre de femmes au Malawi meurent des suites d’avortements illégaux, mais les preuves scientifiques démontrent la nature infondée de toutes ces affirmations.

La particularité de l’étude de 2001 est qu’il s’agissait d’une étude de cas plutôt que d’une évaluation de statistiques : 312 décès maternels dans 18 hôpitaux. Elle a montré que seulement 6% des femmes de l’échantillon sont décédées après un avortement ou une fausse couche (ce chiffre regroupe toutes les pertes périnatales sans distinction).

Le chercheur Calum Miller a examiné les données de l’étude dans le cadre de l’application des statistiques de mortalité maternelle pour l’ensemble du pays au cours des 20 dernières années, et a présenté les résultats dans l’article “Mortalité maternelle due à l’avortement provoqué au Malawi : que suggèrent les données les plus récentes ?“(2021) – “Mortalité maternelle due à l’avortement provoqué au Malawi : que disent les données les plus récentes ?

Le Malawi compte 19 millions d’habitants. résidents. En 2001, selon l’OMS, le ROR* était de 735 décès pour 100 000 naissances. Au total, environ 3 700 femmes sont mortes. En 2017, le PBC était de 349 (soit 2 100 décès). 6 % de ce chiffre correspond à 70-210 décès combinés dus à des avortements illégaux et à des fausses couches pour 19 millions d’habitants. résidents. Cela dit, sur la base de ce qui a été dit ci-dessus, il n’y a pas de véritable raison de croire que la majorité des décès étaient dus à des avortements provoqués.

Il existe des systèmes permettant d’estimer la proportion d’avortements provoqués par rapport au nombre total de grossesses interrompues. Ce sont notamment les experts du British College of Obstetricians and Gynaecologists qui procèdent à ces évaluations. Si l’on applique les données du Malawi, les avortements illégaux sont responsables d’environ la moitié de ces décès, c’est-à-dire qu’ils sont à l’origine de la moitié des décès. moins de 40 décès pour l’ensemble du pays.

Les statistiques d’autres pays africains où l’avortement est illégal donnent des chiffres similaires : en Ouganda, 5 % des décès sont dus à des grossesses interrompues ; au Rwanda, 3 % ; en Éthiopie, avant la légalisation de l’avortement, 6 à 7%.

Nous pouvons comparer les données du Malawi avec celles de la Russie. En particulier, selon les rapports du ministère de la santé et du développement social de la Fédération de Russie pour 2007. 18,8 % des décès maternels étaient dus à des avortements, dont une proportion importante (37 % des décès par avortement) était due à des avortements du deuxième et du troisième trimestre pour des raisons médicales. En 2019, la CCM en Russie avait diminué, les décès dus à l’avortement représentant 13 % du total. Néanmoins, la situation en Russie semble beaucoup plus défavorable qu’au Malawi, qui interdit l’avortement, avec 13 % contre 3 %.

Les chiffres montrent qu’il n’y a pas de “milliers de femmes qui meurent d’avortements clandestins”, même dans les pays africains dont les systèmes de santé sont déficients. Les données présentées ne peuvent être considérées comme des inexactitudes statistiques, car elles sont basées sur des études réalisées dans des cliniques spécifiques.

* Le taux de mortalité maternelle est le nombre de décès maternels pour 100 000 naissances vivantes.

Données citées dans :

1 Miller C. Maternal Mortality from Induced Abortion in Malawi : What Does the Latest Evidence Suggest ? // Int. J. Environ. Res. Santé publique 2021, 18(19), 10506. — https://www.mdpi.com/1660-4601/18/19/10506/htm

2. rapport de l’OMS sur la mortalité maternelle dans le monde. Taux de mortalité maternelle (pour 100 000 naissances vivantes). – https://www.who.int/data/gho/data/indicators/indicator-details/GHO/maternal-mortality-ratio- (pour 100 000 naissances vivantes)

3. Maternal and Child Health Services Reference Materials 2007 (Ministère de la santé et du développement social de la Fédération de Russie). – М., 2008.

4. Filippov O.S., Guseva E.V. Maternal mortality in the Russian Federation in 2019 // Problems of Reproduction, 2020, Vol. 26, No. 6(2). – С. 8-26.

5. Yusupova A.N., Frolova O.G., Volgina V.F., Durasova N.A. L’avortement comme cause de mortalité maternelle // Bulletin du PFUR, série “Médecine”, 2009. – №7. – PP. 146-148 – https://cyberleninka.ru/article/n/abort-kak-prichina-materinskoy-smertnosti/viewer

Quitter la version mobile