L’enfant de deux lesbiennes, l’une inséminée par un vendeur de sperme inconnu, la partenaire utilisée comme incubateur. Le fils d’une femme vivante et d’un homme mort, qu’elle a fécondé avec le sperme prélevé sur lui, alors qu’il était déjà mort. Des enfants médicalement protégés pour fournir à leurs frères et sœurs malades des pièces de rechange autorisées. Et des hybrides chimériques homme-animal pour alimenter l’industrie de la transplantation.
A l’époque où La France a débattu de la loi de bioéthique la plus monstrueuse du monde, j’ai écrit ainsi, même en déconseillant la tentation diabolique de fabriquer l’homme dans des éprouvettes à l’image et à la ressemblance de ses propres désirs, de ses propres folies, et surtout, de ses propres révolutions prométhéennes contre l’ordre de ce qui existe et de son Créateur : la tentation de la génération synthétique de l’homoncule, singe de l’homme, que la pensée alchimique et magique a toujours poursuivie.
Le temps a passé et la France persévère. Certains s’efforcent aujourd’hui d’utiliser l’extraordinaire capacité humaine d’imagination pour imaginer des utopies perverses dans lesquelles le désordre triomphe, les empires sont renversés, la destruction règne.
La France dit maintenant que les hommes peuvent aussi être enceintes et donc que les hommes aussi peuvent se faire avorter avec la même décision de volonté. Ils détiennent un pouvoir, c’est-à-dire qu’ils détiennent le pouvoir : le pouvoir de faire de la réalité ce qui leur plaît. Le nœud du problème n’est pas en fait le miracle de générer une vie : c’est exclusivement le pouvoir technique de le faire pour avoir le même pouvoir technique spéculaire de détruire une vie à volonté.
Bien sûr, puisque la réalité ne peut jamais être vaincue, l’homme qui accouche et avorte est un canular : ce n’est qu’un compromis, c’est une femme transgenre qui se déclare homme. Et pourtant, il ne l’est que pour ceux qui ont suffisamment de raison pour voir ce compromis, c’est-à-dire pour ceux qui croient encore qu’il y a une réalité, la réalité des choses, avec sa vérité, la vérité des choses, et sa nature, la nature normative de ce qui existe. Ce n’est qu’alors que l’homme qui accouche et avorte est un subterfuge évident.
Mais ceux qui n’accordent aucun crédit à la réalité, ceux qui pensent que le réel n’existe pas et qu’il est éternellement manipulé par le désir, par la fantaisie, par les envies, croient qu’ils ont vraiment engendré l’homme qui enfante et qui avorte. Pour la pensée trans, une femme qui dit être un homme et qui, par conséquent, donne naissance à un enfant ou l’avorte, est en réalité un homme qui donne naissance et avorte. Rien ne tient.
Un magazine à la mode tel queTeen Vogue, peut donc parler, en normalisant l’aberrant, d'”une vidéo intitulée Mon avortement m’a sauvé la vie, dans lequel, Cazembe Murphy Jackson, un activiste trans noire, explique comment le fait d’avoir avorté après être tombée enceinte après avoir été agressée sexuellement au collège l’a empêché de se suicider”. Évidemment, l’absence d’apostrophe devant le mot “activiste” et tout les masculins de la proposition sont issus deTeen Vogue et faux, car le sujet en question, pouvoir accoucher et avorter, est une femme, exclusivement une femme, mais c’est précisément le but.
C’est l’horizon de la révolution aujourd’hui, c’est la pensée trans. La pensée trans n’est pas ce que pensent les transgenres et les transsexuels, ce n’est même pas l’idée de rendre tout le monde fluide et transitoire. C’est l’idée que la réalité n’existe pas pour ce qu’elle est mais que tout n’est qu’une représentation de ce que la volonté individuelle imagine. Les ânes volent, les hommes accouchent et avortent.
L’ homoncule n’est pas un être de chair et de sang forgé alchimiquement dans le chaudron du sorcier moderne. Il n’est pas nécessaire que ce soit ça. L’ homoncule est déjà là, il plane parmi nous, il a pris le dessus. Il réside dans la trans-pensée et se nourrit de la réalité, la brisant, la déchiquetant et la consumant sous les dents comme Polyphème l’a fait avec les compagnons d’Ulysse. L’homme est l’idée qu’il se fait de lui-même et aucun fait ne peut le démentir. Ils continueront à accoucher et à faire avorter des hommes en falsifiant une fois de plus la réalité sans écouter la raison ou les faits, jusqu’à ce qu’ils soient convertis.