En direct des tranchées: une perspective italienne sur la lutte contre le COVID-19

Un Italien parle de sa foi en Dieu au coeur de la lutte contre le coronavirus.

Chers amis Américains,

Je vous écris des tranchées. Ici en Lombardie, en Italie, nous sommes en première ligne d’une guerre. Ces dernières semaines, nous avons été seuls. Nous avons été moqués par la presse internationale: le New York Times, par exemple, a publié cet article qui insulte ouvertement notre pays.

Je peux seulement dire que j’espère que personne à New York n’aura jamais à vivre ce que nous vivons actuellement en Italie.

La foi qui reste profondément enracinée dans nos villes, nos villages et nos provinces a été une source de consolation et d’aide. Malheureusement, la solidarité et l’aide que nous, Italiens, espérions de l’Europe et des pays de l’autre côté de l’océan ne se sont pas matérialisées. Néanmoins, nos amitiés ne seront pas affaiblies mais renforcées par cette crise, cette peste silencieuse qui menace toute l’humanité et qui est devenue un combat quotidien.

Les mesures de précaution édictées en Lombardie et dans toutes les régions du nord de l’Italie affectent tous les aspects de la vie personnelle: nous devons maintenir une distance d’un mètre avec nos amis et les membres de notre famille, ce qui affecte l’une des principales dimensions de la personne humaine, notre désir naturel de relations sociales. En tant que catholique, j’ai été frappé d’une autre manière: en Italie, qui a fait face plus d’une fois à la famine et à la peste, toutes les messes publiques ont été suspendues. Cela signifie la limitation d’un autre type de relation, le plus important pour moi: le lien que je ressens avec Jésus-Christ. Mais ce “jeûne” obligatoire n’a pas seulement causé de la mélancolie, il a également provoqué une forte augmentation de la dévotion des gens qui vont et prient devant le tabernacle dans les églises ouvertes. En Lombardie, où il y a une dévotion spéciale à la Vierge Marie et de nombreux sanctuaires mariaux, nous avons perçu cette crise comme un appel à prier le chapelet, demandant la fin de l’épidémie de coronavirus. Ce sont là quelques signes d’espoir.

Il n’est pas facile de vivre enfermés dans nos maisons avec les restrictions imposées par le gouvernement à notre liberté et à nos déplacements. C’est une situation difficile et anxiogène, vraiment la vie dans les tranchées: la vie dans une guerre contre une épidémie virale qui est non conventionnelle et vraiment nouvelle. Depuis des semaines, tous les soirs au coucher du soleil, nous attendons les mises à jour officielles. Et, chaque jour, le nombre de décès augmente, en particulier en Lombardie et dans d’autres régions du nord. Alors que nous sommes constamment préoccupés par les chiffres montrant une augmentation des infections, nous trouvons de l’espoir dans les chiffres de guérisons. A l’heure où j’écris ces lignes, il y a plus de 24 700 personnes infectées en Italie, avec près de 1 900 décès et environ 2 400 personnes qui se sont rétablies. En Lombardie, on dénombre 10 100 personnes infectées et 1 300 morts.

Le lieu où j’écris – Saronno, une province de Varèse – est peuplé de gens industrieux, d’ “autodidactes”, d’artisans, de propriétaires de petites entreprises et de coopératives. Dans le passé, toutes ces choses ont contribué à créer un réseau de solidarité qui a soutenu la force économique et la croissance. Mais maintenant, les rues sont vides. On dirait le mois d’août, lorsque la région se vide au fur et à mesure des vacances. Mais si les gens sont moins dévoués au consumérisme et au marché, ils ne le sont pas moins à Dieu, et finalement le salut des gens, le bien-être des âmes, ne dépendra pas des stocks alimentaires et du marché, mais des cœurs et des esprits.

Un de nos meilleurs écrivains lombards, Alessandro Manzoni, a écrit The Betrothed [Le fiancé] en 1827. Il a parlé de l’amour entre Renzo et Lucia, leurs fiançailles compliquées et leur mariage au début du XVIIe siècle. L’histoire offre une véritable vision de l’éclat, de la fidélité et de l’amour sacrificiel caractéristique de notre région. Dans les chapitres 31 à 33, Manzoni parle d’une peste qui a frappé au cours de la vie du protagoniste, et elle ressemble à ce qui se passe actuellement. Les médecins risquent la mort pour sauver des vies et soigner les personnes infectées. C’est ainsi que les médecins se comportent avec courage, contrairement aux rapports mensongers et insultants des médias internationaux sur les médecins qui choisissent qui soigner tout en laissant les autres mourir.


Les rues clairsemées, les amis qui gardent leurs distances et ne se saluent que de loin s’ils se rencontrent, le stockage de nourriture: tout cela est troublant. Mais nous nous retrouvons également à passer plus de temps à la maison avec nos familles. De cette façon, en combattant le coronavirus, nous combattons également un autre fléau, celui du consumérisme et du mondialisme. Les Italiens chantent l’hymne national depuis leurs fenêtres, allumant des bougies pour s’encourager mutuellement; ou bien chantent des hymnes au Seigneur et allument une bougie en signe d’espérance en Dieu. Si vous avez des amis ou de la famille en Italie, en particulier dans le nord, n’hésitez pas à leur parler: montrez-leur votre proximité, votre compassion. Si vous le pouvez, envoyez des dons ou des trousses de soins qui peuvent être utilisés pour aider les personnes seules et les pauvres. Quoi que vous fassiez, ne nous oubliez pas: nous avons besoin de votre soutien, car nous sommes déterminés à continuer de nous battre, la tête haute, même si nous nous salissons les mains.

Chers amis, dans toutes les difficultés de la vie, même les plus sérieuses comme celle-ci, nous savons qu’il y a toujours de l’espoir: la divine Providence nous fournira de l’aide.

Cette lettre est pour moi – et j’espère qu’elle le sera aussi pour vous tous – l’occasion d’exprimer cette assurance confiante. Que Dieu bénisse les États-Unis et puisse-t-il assister l’Italie en ce moment critique!

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