“Contre le Pass Sanitaire, je suspends la projection de mes films”.

Federica Picchi, fondatrice de Dominus Production, a choisi de suspendre la distribution de ses films pour contester le Pass Sanitaire

Image de Pixabay

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Last updated on août 13th, 2021 at 02:31

“En tant que distributeur de films, avec l’introduction du pass sanitaire, j’ai décidé de suspendre toutes les projections publiques car je ne souhaite pas, même indirectement, contribuer à un mécanisme de discrimination de la population”. Nous parlons de Federica Picchi, fondatrice de Dominus Production, une société de production et de distribution de films, qui a introduit Unplanned, un film poignant sur le thème de l’avortement dans les salles de cinéma italiennes.

“C’est un choix qui me coûte”, a expliqué Picchi à iFamNews, “Unplanned fait salle comble, et lundi soir à Vérone, nous avons ont dû organiser deux projections supplémentaires en plus de celle déjà prévue en raison du nombre énorme de demandes”. Mais à partir de demain vendredi 6 août, date à laquelle l’exigence du pass sanitaire entrera en vigueur pour l’accès à certains lieux, notamment les cinémas, Dominus Production suspendra la distribution du film. Son choix est incompréhensible du point de vue entrepreneurial. Cependant, une bataille pour les valeurs n’est pas une bataille si elle n’implique pas de sacrifices. “Je crois qu’à ce stade, chacun d’entre nous doit donner un signal, même si cela implique un sacrifice, car la valeur de la liberté est trop importante pour qu’on y déroge”, note-t-elle.

Beaucoup pensent que le Pass sanitaire est une mesure nécessaire pour abaisser la courbe d’infection…


La santé est un bien primordial et il est juste que l’État prenne des mesures pour la protéger. Toutefois, la question se pose de savoir si le pass sanitaire est une mesure utile à cette fin.

Votre réponse est-elle négative ?


Absolument. Permettez-moi de vous donner quelques exemples qui démontrent les paradoxes de cette législation : pour entrer dans un cinéma ou même un cinéma en plein air, vous devrez présenter un pass sanitaire, qui ne sera en revanche pas exigé pour entrer dans des lieux intérieurs tels que les tribunaux. De même, vous aurez besoin d’un pass sanitaire pour vous asseoir à une table dans un bar, mais pas pour manger directement au comptoir de la même pièce. Sans compter que les moyens de transport continueront d’être bondés. Le pass sanitaire me semble être plus un choix politique qu’un choix de santé.

Et quel est, selon vous, l’objectif politique ?


Les secteurs qui seront les plus touchés sont ceux qui ont un impact sur la vie sociale et culturelle : ce qui est le plus cher aux jeunes. L’objectif est donc d’encourager les jeunes à se faire vacciner, sous peine d’être exclus socialement.

Est-ce une raison que vous contestez ?


À la lumière d’une analyse coûts-avantages, j’ai de sérieuses réticences quant à la vaccination les jeunes. Je pense donc que chaque choix doit être respecté. Mais je ne veux pas céder à l’opposition entre les “pro-vax” et les “anti-vax”, ce n’est pas la question. Ce que je n’accepte pas, c’est l’utilisation des cinémas, des musées, des bars, des restaurants et d’autres espaces à des fins qui n’ont rien à voir avec les activités que nous menons. C’est une politique qui nous pénalise une fois de plus.

L’industrie cinématographique a souffert ces derniers mois…


Notre secteur a été l’un des plus massacrés par les politiques anti-CoVid-19. Nous avons été fermés pendant un an et demi, ils ne voulaient pas nous laisser ouvrir même après nous avoir imposé des protocoles sanitaires très stricts. Et maintenant, ils demandent même aux commerçants d’agir en tant que contrôleurs du pass sanitaire, comme s’ils étaient des fonctionnaires. Pourtant, plus que les dommages économiques, ce sont les effets sociaux qui m’inquiètent.

Veuillez expliquer…


Si l’on accepte l’idée que l’État puisse discriminer une partie de la population, sur une base autre que scientifique, les scénarios sont sinistres. Le pass sanitaire ou un instrument similaire pourrait survivre à la phase d’urgence. Je ne trouve pas qu’un tel avenir totalitaire soit souhaitable.

Ce choix vous fait-il vous sentir seul ?

Ces derniers jours, j’ai lu le beau témoignage de Fabrizio Masucci, qui a démissionné de la direction du musée de la chapelle Sansevero à Naples en désaccord ouvert avec l’exigence du pass sanitaire pour l’accès aux musées. Je pense que nous sommes nombreux. Dès que j’ai annoncé mon choix, j’ai reçu un flot de messages de solidarité. Et puis le témoignage des individus sert à secouer les choses : peut-être que d’autres entrepreneurs décideront de suivre mon exemple.

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