“Nous protégeons l’honneur de notre peuple, la famille et notre tissu social” : Le retrait de la Turquie d’un traité anti-famille suscite l’indignation internationale.

La Convention d'Istanbul est un autre exemple d'instrument international des droits de l'homme conçu ostensiblement pour la protection des femmes mais imprégné d'une idéologie qui sape la famille et le rôle indispensable des femmes dans celle-ci.

Des manifestants contre la décision de la Turquie portent une pancarte sur laquelle on peut lire : "La Convention d'Istanbul vous garde en vie !" - Photo de KAOS GL

“Familles puissantes, société puissante”, telle est la devise de la Turquie, selon sa directrice de la communication, Fahrettin Altun. C’est ce que l’on peut attendre d’une nation dont le président a parlé ouvertement de la “sainteté” de la famille et dont le président de l’Union européenne est le chef de file. La Constitution turque déclare que “la famille est le fondement de la société turque” et que “l’État prend les mesures et établit l’organisation nécessaire pour protéger la paix et le bien-être de la famille, en particulier de la mère et des enfants”.

L’une de ces mesures a été prise le 20 mars 2021, lorsque la Turquie s’est retirée de la Convention d’Istanbul, un traité européen de 2011 dont elle était le premier signataire et qui a ensuite été ratifié par 35 nations. Dans une déclaration officielle, la Turquie a expliqué que si le traité était “initialement destiné à promouvoir les droits des femmes”, il a été “détourné par un groupe de personnes qui tentent de normaliser l’homosexualité – ce qui est incompatible avec les valeurs sociales et familiales de la Turquie. D’où la décision de s’en retirer”.

Ce que la Turquie n’a pas retiré, poursuit la déclaration, c’est son engagement à mettre fin à la violence contre les femmes. “La décision de se retirer de la Convention d’Istanbul ne signifie en aucun cas que la Turquie “compromet la protection des femmes”. L’État turc a continuellement souligné que le pays n’abandonnera pas sa lutte contre la violence domestique en quittant la Convention….. La Turquie continuera à protéger la sécurité et les droits de toutes les femmes” et “la lutte contre la violence domestique selon le principe de la tolérance zéro restera en tête des priorités du gouvernement.”

La Turquie n’est pas seule, ajoute la déclaration, dans ses “graves préoccupations concernant la Convention d’Istanbul”. Six membres de l’Union Européenne (Bulgarie, Hongrie, République tchèque, Lettonie, Lituanie et Slovaquie) n’ont pas ratifié la Convention d’Istanbul. La Pologne a pris des mesures pour se retirer de la Convention, invoquant une tentative de la communauté LGBT d’imposer ses idées sur le genre à l’ensemble de la société.”

La Convention d’Istanbul est un autre exemple d’instrument international des droits de l’homme conçu ostensiblement pour la protection des femmes mais imprégné d’une idéologie qui sape la famille et le rôle indispensable des femmes dans celle-ci. S’exprimant à la Federalist Society il y a près de vingt ans, le professeur Richard Wilkins faisait référence à une “nouvelle évolution curieuse” lorsqu’il observait : “Afin d’améliorer le statut social et politique des femmes – un objectif tout à fait louable – le droit international est devenu inhabituellement hostile aux notions anciennes du mariage, de la famille naturelle et de l’éducation des enfants”.

Malgré les importantes protections offertes aux femmes, la Convention d’Istanbul déraille en définissant le ” genre ” comme ” les rôles, comportements, activités et attributs socialement construits qu’une société donnée considère comme appropriés pour les femmes et les hommes ” (article 3), et en appelant à ” l’éradication de la pauvreté ” (article 4), les préjugés, les coutumes, les traditions et toutes autres pratiques… fondées sur… des rôles stéréotypés pour les femmes et les hommes” (article 12). De telles dispositions bafouent la vérité intemporelle selon laquelle la famille est “l’unité de groupe naturelle et fondamentale” de la société (DUDH), fondée sur ce que le pape François appelle “la complémentarité entre l’homme et la femme” et aboutissant à “un bien unique, naturel, fondamental et beau pour les personnes, les familles, les communautés et les sociétés”.

Mais le retrait de la Turquie “a suscité l’indignation tant au niveau national qu’international”, rapporte une source d’information. Cette tempête a donné lieu à des manifestations de colère à Istanbul et à Ankara, ainsi qu’à de vives critiques à l’étranger. Le secrétaire général du Conseil de l’Europe a qualifié cette décision de “déplorable”, d'”énorme revers” et de “nouvelle dévastatrice”, tandis que le responsable de la politique étrangère de l’UE a déclaré que “nous ne pouvons que regretter profondément et exprimer notre incompréhension”. Le ministère allemand des Affaires étrangères a insisté sur le fait que cette décision “envoie un mauvais signal à l’Europe et aux femmes de Turquie”. Et le président Joe Biden l’a qualifiée d'”injustifiée”, de “profondément décevante” et de “décourageante régression” – des mots pleins d’ironie pour décrire ce qui est en réalité l’attitude de la Turquie à l’égard des femmes : un pas en avant encourageant pour protéger le fondement de sa société.

En réponse à la vague de reproches et de réprimandes, le ministre turc de la Justice, Abdulhamit Gul, a tweeté : “Nous continuons à protéger avec détermination l’honneur de notre peuple, la famille et notre tissu social.” Au moins une nation sur terre honore l’obligation qui lui incombe en vertu du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, qui demande que “la protection et l’assistance la plus large possible” soient “accordées à la famille”.

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