France, euthanasie et contre-civilisation

L'auteur français Michel Houellebecq affirme qu'"une civilisation qui légalise l'euthanasie perd le droit à tout respect".

La France, qui se débat entre un projet de loi sur la bioéthique littéralement aberrant et une dangereuse tentative de reformulation de la laïcité à travers la loi sur le prétendu “séparatisme”, a rendez-vous avec la mort programmée.

En même temps que la loi sur le “séparatisme” qui arrive au Sénat le 8 avril, on trouve une proposition visant à légaliser l’un des nombreux oxymores de notre époque, le “suicide assisté”. En effet, si le suicide est l’acte de se donner la mort par soi-même, celui qui a besoin d’une aide extérieure pour se suicider cesse de le faire par lui-même. Quel est donc le nom de ce geste, si le terme “suicide assisté” ne recouvre rien d’autre que la honte ?

La proposition de demain en est une nouvelle : la quatrième à être présentée au Parlement français. Ce projet est porté par Olivier Falorni, député du “Parti Radical de Gauche”.

Dans l’édition du 5 avril du quotidien français Le Figaro, l’écrivain Michel Houellebecq écrit qu'”une civilisation qui légalise l’euthanasie perd le droit à tout respect”. Houellebecq poursuit en proposant que lorsque les partisans de l’euthanasie parlent de ” compassion “, ” le mensonge est palpable ” et que l’explication des raisons avancées pour la proposition de légalisation est ” comique “.

Franchement, je me soucie peu de l’opinion de Houellebecq comme je me soucie peu de celle des autres, à commencer par la mienne. En fait, les routes inutiles sont pavées avec les opinions. Ce ne sont pas les opinions qui font la différence, mais la réalité nue et brute des choses. Tuer des innocents et les colporter sous le couvert de la charité pour un usage personnel est odieusement hypocrite. Autant légaliser immédiatement le meurtre dans toutes ses dimensions : après tout, on peut toujours trouver une opinion et l’habiller comme ont veut.

Si, par contre, la vie associative des hommes a toujours stigmatisé la suppression volontaire d’un innocent au même titre que d’autres crimes, c’est parce que ce ne sont pas les opinions qui comptent, mais les choses sérieuses. Toute association humaine à travers l’histoire de l’homme est basée sur des faits évidents tels que le fait que tuer un innocent est un mal. Ces interdits sont la clôture érigée autour du village pour éloigner le monstre ; si la clôture est abattue, la bête fait inexorablement des ravages jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne dans le village. C’est pourquoi, lorsque Houellebecq affirme qu’une civilisation qui légalise l’euthanasie perd le droit à tout respect, il n’exprime pas seulement ” une opinion “, une voix parmi un brouhaha de commentateurs. Il répète une observation véridique contre laquelle aucune opinion ne tient.

Une civilisation qui légalise la suppression d’une personne innocente est comme une civilisation qui légalise le meurtre : elle abat la barrière et laisse entrer la bête ; ipso facto, elle perd le droit au respect. Et donc, ne respectant pas la dignité des villageois défendus par la clôture, elle n’est pas digne d’être considérée à l’échelle humaine.

Il n’est pas nécessaire d’être un fan du controversé et antipathique Houellebecq pour comprendre que si la France approuve un jour le “suicide assisté”, elle cessera de mériter le respect. Exactement comme les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg ne le méritent pas non plus pour avoir reconnu le “suicide assisté”. Non pas parce que Houellebecq le dit, même si les évidences deviennent plus criardes quand des gens criards les répètent, mais parce que c’est un fait incontestable.

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