De plus en plus de preuves le confirment. Facebook n’est pas une plateforme neutre, où toutes les opinions peuvent trouver leur place, mais une multinationale géante qui répond à une orientation politique et culturelle précise. En vertu de ce statut, le célèbre réseau social choisit de censurer certains contenus et, à l’inverse, d’en promouvoir et d’en encourager d’autres.
Tout d’abord, l’alignement de l’entreprise de Mark Zuckerberg sur le “covidie-correct” de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est bien connu. Supprimer les posts négationnistes, pourquoi pas, mais supprimer des posts même légèrement critique de la vulgate actuelle, c’est trop, et Facebook ne s’en satisfait pas puisqu’il double la mise, en donnant 120 millions de dollars à des organisations humanitaires grâce au parrainage de posts contenant des “informations correctes” sur la pandémie. Dans le même temps, toujours en collaboration avec l’OMS, Fb élargit “[…] la liste des fausses allégations que nous allons supprimer pour inclure celles concernant le CoViD et les vaccins”. Mais qui décide, tel un oracle divin, de ce qui est vrai et de ce qui est faux dans le monde de la post-vérité érigé en étendard ? Mémorable, après tout, le duel qui a opposé en avril 2018 Zuckerberg au sénateur américain Ted Cruz, mais surtout ce qui en est ressorti.
La même rigueur et le même scrupule ne sont pas observés pour la protection des mineurs. Facebook, en effet, permet aux entreprises de faire de la publicité auprès de jeunes de 13 ans qui manifestent de l’intérêt pour le tabac, les techniques de perte de poids et les jeux d’argent pour le prix de trois dollars US seulement. C’est ce qu’a découvert l’organisation Reset Australia, qui a mené une expérience ad hoc. Après avoir créé une page et un compte publicité appelée “Ozzie News Network”, l’association a fait remarquer que si Facebook n’autorise pas la publicité pour l’alcool et d’autres produits pour adultes auprès des moins de 18 ans, il n’empêche pas les annonceurs de s’adresser à ces enfants qui, sur la base d’algorithmes, ont exprimé un intérêt pour l’alcool ou d’autres produits non autorisés.
Selon les calculs de Reset Australia, faire de la publicité auprès de 52 000 adolescents intéressés par l’alcool coûterait 3,03 $, tandis que pour atteindre 14 000 adolescents intéressés par les jeux d’argent, il faudrait 11,24 $. Pour mille adolescents intéressés par les cigarettes (électroniques et autres), vous dépenserez entre 138,50 et 210,97 dollars.
Reset Australia a donc demandé au gouvernement australien d’élaborer un code régissant les données collectées sur les jeunes, suggérant que les parents doivent donner leur consentement. Le directeur exécutif de l’association, Chris Cooper, est également perplexe : “Un garçon de 13 ans qui se dit célibataire recevra-t-il des publicités ciblées pour des services de rencontre ? Un jeune de 15 ans classé comme intéressé par l’alcool verra-t-il des publicités suggérant des cocktails à réaliser à partir du contenu de l’armoire à alcool de ses parents ?”
Cependant, la situation embarrassante mise en lumière par l’organisation australienne n’est rien comparée à ce qui est apparu il y a quatre ans, à la suite d’une enquête de la BBC. La chaîne de télévision britannique a signalé des dizaines de photos pédopornographiques sur Facebook : 80 % des images n’ont jamais été retirées. Exactement dans la lignée de ce qui a été dénoncé par Don Fortunato Di Noto concernant certains contenus qui restent sur le web même après les dénonciations. Quant au scoop de la BBC, les journalistes ont été dénoncés à l’époque par le même Facebook connu pour sa rigueur dans l’interdiction des images de “nudité ou autre contenu à connotation sexuelle”.
À cette occasion, la BBC avait alerté Facebook de la présence de 100 images obscènes dans chacune desquelles se trouvait au moins un mineur. Les plus douces impliquaient des filles entrant dans l’adolescence, d’autres étaient de la pure pornographie enfantine. Seules dix-huit de ces images avaient été supprimées. D’autres vérifications effectuées par le radiodiffuseur britannique avaient révélé la présence de cinq profils gérés par des utilisateurs ayant un casier judiciaire pour des délits de viol : bien que Facebook ait interdit à ces personnes d’ouvrir des comptes, aucun des cinq profils n’a été supprimé après les rapports correspondants.
La liste forfaits véhiculés par le réseau social le plus célèbre du monde ne s’arrête cependant pas là. Fin 2019, juste avant que la pandémie n’engloutisse tous les autres sujets de débat, alors que le sujet sur la crête de la vague était l’immigration clandestine, au moins deux journaux italiens, dont… IL Giornale et le Sole 24 Ore ont révélé l’existence de pages Facebook créées spécifiquement pour fournir des informations sur la manière de débarquer illégalement sur les côtes italiennes dans les meilleures conditions possibles. Comme sur la brochure d’une agence de voyage, il était expliqué quels étaient les ports de départ les plus appropriés en Turquie et ceux d’arrivée, avec les tarifs les plus convenables (généralement compris entre 2 000 et 4 000 euros). Et encore une fois : Facebook ne fait absolument rien pour entraver les persécutions menées par le régime communiste chinois contre les Ouïgours du Xinjiang, que ses habitants non han appellent Turkestan oriental. À tel point que le 25 mars dernier, lors d’une audition devant le Congrès américain, Zuckerberg a lui-même admis, sans aucune conséquence pour lui-même ou sa plateforme, que Pékin utilise Facebook (qui est occulté à l’intérieur des frontières chinoises) pour surveiller et espionner les Ouïghours repentis à l’étranger.