Les médias mainstream (MSM) ont annoncé la mise en examen de Steve Bannon avec un chœur d’extase ravie qui ferait rougir Verdi. Les reportages ont consisté presque entièrement à présenter les détails les plus accablants de l’acte d’accusation, avec peu ou pas de tentative d’examiner les faiblesses potentielles des charges ou d’envisager d’éventuelles défenses. Comme on pouvait s’y attendre, les Never Trumpers [les conservateurs qui refusent de voter pour Trump, ndt] proposent des voix alternatives avec leur propre mélodie de Schadenfreude. Andrew Napolitano nous dit que “ça ne sent pas bon” pour Bannon, sans offrir ne fût-ce qu’un brin de défense au-delà du non-argument, “Eh bien, ils peuvent faire valoir que les organismes de bienfaisance peuvent payer les gens, mais ils ont explicitement dit qu’ils ne seraient pas payés.” Si c’est la meilleure défense, “ça ne sent pas bon”.
Mais la culpabilité de Bannon (et des trois autres inculpés) n’est pas aussi claire que les MSM et leurs soutiens voudraient vous le faire croire. Plus important encore, il s’agit d’un cas classique d’application sélective de la loi.
Commençons par le début. L’inculpation de Bannon et des autres accusés a été demandée par le bureau du procureur américain du district sud de New York (SDNY). Ce bureau s’est bâti la réputation d’être résolument anti-Trump. Il a ciblé de nombreux proches de Trump pour enquête et poursuites. Ainsi, personne ne devrait supposer qu’en poursuivant Steve Bannon, le SDNY est simplement motivé par des préoccupations concernant d’éventuelles fausses déclarations aux donateurs.
Pour information, je connais Steve Bannon et je le considère comme un ami. Pour information plus précise, j’ai vu de près les résultats de la politisation de gauche de notre bureaucratie et de nos tribunaux. En 2016, les noms des donneurs de l’Organisation nationale pour le mariage (IOF) ont été illégalement divulgués au public par l’IRS [le fisc américain, ndt]. Nous avons poursuivi l’IRS, mais nous avons dû nous contenter d’un maigre dédommagement de 50 000 $. Les faits expliquant comment et pourquoi les noms de nos donateurs ont été publiés n’ont jamais été rendus publics. Je vous garantis que, si c’était la liste des donateurs de Planned Parenthood qui avait été divulguée, tout l’enfer se serait déchaîné. Les hauts responsables de l’IRS auraient été forcés de démissionner ou auraient été licenciés, des audiences du Congrès auraient été lancées et une tempête médiatique intense aurait été créée.
Nous avons également vu nos donateurs, lors du référendum réussi sur la Proposition 8 en Californie, ciblés par des menaces de mort et harcelés. Le gouvernement est-il intervenu pour les aider? Non. Les tribunaux ont refusé de faire quoi que ce soit pour protéger leur vie privée, même lorsqu’une plainte était déposée. Et, en 2014, nous avons été accusés et condamnés à une amende dans l’Etat du Maine pour quelque chose que nous n’avions pas fait. Nous avons été poursuivis sur des accusations liées au financement de campagne, après nos efforts pour le référendum pour protéger le mariage dans le Maine. Les accusations étaient fausses et portées par un activiste gay, mais un comité de financement de la campagne a cependant statué contre nous. Ils n’étaient même pas discrets dans leur joie. Je peux les imaginer se congratuler les uns les autres après la réunion de la Commission en disant qu’ils “ont eu les mecs anti-mariage homosexuel”. J’ai refusé d’admettre ma culpabilité là où il n’y en avait pas, bien qu’il y ait eu des pressions pour que nous le fassions. En fin de compte, nous avons dû payer une amende et passer à autre chose.
Les enjeux pour Bannon sont bien plus importants
Bannon et les trois autres accusés (Brian Kolfage, Andrew Badolato et Timothy Shea) font chacun face à une accusation de complot en vue de commettre une fraude électronique et de complot en vue de commettre du blanchiment d’argent. Chaque chef d’inculpation est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison.
Ce que nous savons de l’affaire ne provient que d’une seule source: les déclarations contenues dans l’acte d’accusation du grand jury. En vertu de la loi, les mises en accusation au pénal par le grand jury sont une affaire entièrement unilatérale, uniquement centrée sur les demandes du procureur. L’accusé n’a pas la possibilité de présenter une défense.
Le dossier du gouvernement repose sur les faits supposés pour lesquels Brian Kolfage a sollicité des fonds sur le compte GoFundMe afin de construire un mur à la frontière sud des États-Unis avec la promesse explicite que Kolfage ne serait pas payé. Kolfage est un vétéran de la guerre en Irak et un triple amputé. L’appel de financement a été extrêmement efficace, avec environ 20 millions de dollars amassés en quelques jours. Cependant, il semble que Kolfage, qui n’est pas un cadre expérimenté des organisations à but non lucratif, n’avait en fait mis en place aucune structure à but non lucratif pour recevoir officiellement les dons via GoFundMe ou pour passer un contrat avec des entreprises afin de construire une section du mur frontalier. GoFundMe a déclaré à Kolfage qu’à moins qu’il ne crée immédiatement une organisation à but non lucratif légale et n’obtienne l’autorisation affirmative des donateurs de transférer leurs fonds à un tel groupe à but non lucratif, ils rendraient l’argent aux donateurs.
En réponse, M. Kolfage s’est tourné vers Steve Bannon et les autres accusés pour obtenir de l’aide. Un nouveau groupe à but non lucratif a été créé, We Build the Wall, un conseil d’administration sélectionné, des statuts approuvés et des comptes bancaires établis. Kolfage et le conseil, avec la participation de Bannon, ont alors commencé la tâche laborieuse de re-lever les fonds en obtenant un accord des donateurs d’origine pour transférer les fonds au nouveau groupe à but non lucratif. Le gouvernement allègue que des déclarations ont été faites selon lesquelles les membres du conseil, y compris Kolfage et Bannon, ne recevraient aucun salaire ou compensation. Au lieu de cela, il est allégué que Steve Bannon a reçu un don de 1 000 000 $ de We Build the Wall dans une organisation à but non lucratif distincte contrôlée par lui. Sur ce million de dollars, l’association à but non lucratif de Bannon aurait payé 350 000 dollars à l’épouse de Kolfage pour des consultations dans les médias et on prétend que Bannon a dépensé le reste de l’argent pour son train de vie.
À première vue, les faits tels qu’ils sont présentés semblent troublants.
Mais, encore une fois, ces allégations sont la présentation unilatérale par le district sud de New York de ses revendications devant le grand jury. Elles n’essaient même pas d’examiner d’éventuelles explications innocentes ou des défenses juridiques. Par exemple, que se passerait-il si la femme de Kolfage travaillait pour l’association à but non lucratif de Bannon? Et si Kolfage lui-même le faisait? Et si l’organisation à but non lucratif de Bannon avait reçu un million de dollars pour des services légitimes qu’elle fournissait pour We Build the Wall, comme le placement de publicités dans les médias? Les MSM aiment examiner les rapports de campagne des entreprises politiques conservatrices et prétendre qu’ils ont reçu des millions de dollars, alors que la grande partie de ces paiements est en fait pour la publicité au nom des clients qui les ont payés. Et quelle était la situation financière de l’association à but non lucratif de Bannon avant de recevoir les fonds We Build the Wall? Par exemple, ce groupe avait-il d’autres affaires en cours avec d’autres, auquel cas il pourrait être plausible que les fonds versés à Kolfage ou à sa femme ne proviennent en fait pas des virements de We Build the Wall? Le groupe à but non lucratif de Bannon avait-il une compréhension des services qu’ils fourniraient avec les fonds We Build the Wall? Quelle part des fonds aurait pu être utilisée pour les dépenses personnelles, les déplacements ou d’autres dépenses légitimes pour We Build the Wall?
Toutes ces questions sont tout simplement légitimes. Nous ne savons rien des réponses à ces questions et à d’autres, car tout ce qui a été divulgué à ce jour, ce sont uniquement les allégations unilatérales contenues dans l’acte d’accusation du gouvernement.
Le but de We Build the Wall était de construire, à l’aide de fonds privés, une partie d’une barrière à la frontière sud des États-Unis. Au total, ils ont recueilli environ 25 millions de dollars à cette fin. L’acte d’accusation contient une déclaration très révélatrice sur ce qui s’est passé avec ces fonds: “We Build the Wall a dépensé de l’argent pour la construction d’un mur frontalier” mais il est allégué que “des centaines de milliers de dollars” ont été détournés par les accusés. Il s’agit d’un aveu tacite du gouvernement selon lequel entre 96% et 98% des fonds ont été utilisés exactement comme on l’avait dit aux donateurs, pour poursuivre la construction d’un mur frontalier sud. Peu importe. Ils veulent faire un exemple avec Steve Bannon.
Le SDNY insiste beaucoup sur le fait que, dans des entretiens avec les médias et des courriels, Kolfage et le conseil d’administration de We Builld the Wall avaient déclaré qu’ils ne prendraient aucune compensation pour leur travail. Pour les besoins de l’argumentation, même si nous supposons que les faits sont tous tels que le gouvernement les présente dans l’affaire Bannon, si le problème se résume aux allégations fausses ou trompeuses de messages de collecte de fonds, qu’en est-il de toutes les allégations fausses et trompeuses que je reçois des politiciens libéraux ou des PAC [Political Action Committee, groupes d’action politique, ndt] ? Seront-ils accusés de fraude électronique et de complot en vue d’un blanchiment d’argent?
Un exemple, parmi les centaines de courriels de collecte de fonds que je reçois chaque mois avec des messages exagérés et potentiellement faux: un courrier électronique du PAC d’Amy McGrath, l’opposante démocrate au leader du Sénat Mitch McConnell, revendiquant une multiplication des dons par 450%. L’e-mail affirme en outre qu’à moins qu’Amy ne reçoive “9 203,00 $ maintenant”, ils retireront toutes les annonces. S’ils n’ont pas reçu les 9 203,00 $ et n’ont pas retiré ces publicités, le gouvernement fédéral devrait-il enquêter? Compte tenu du précédent Bannon, pourquoi ne le feraient-ils pas?
Je vais vous dire pourquoi en quatre mots: deux poids, deux mesures.
Même si les poursuites devaient être équitables – ce qui ne sera pas le cas –, l’acte d’accusation contre Bannon pourrait conduire toutes les organisations à but non lucratif, les PAC et les organisations de protection sociale, à une inquisition judiciaire potentiellement dévastatrice et invasive. Tout groupe qui envoie ce que le gouvernement considère comme des allégations “trompeuses” ou “fausses” dans ses courriels de collecte de fonds serait ouvert à des enquêtes débilitantes qui pourraient compromettre la confidentialité des donateurs et des discussions et informations internes sensibles.
Cet épisode est une fenêtre sur une situation fondamentalement modifiée dans le droit américain. Les conservateurs défendent depuis longtemps les institutions américaines, et en particulier notre système de justice – et je dirais: à juste titre. Quand nous avons regardé les pays communistes, l’une des caractéristiques qui nous a rebutés était l’iniquité de la justice. En Union soviétique, des lois existaient dans les livres, qui s’appliquaient théoriquement à tout le monde, mais n’étaient souvent utilisées que pour punir ceux que le régime souhaitait cibler. C’est un exemple que je n’ai jamais pensé que l’Amérique suivrait, mais malheureusement, nous sommes sur cette voie.
Historiquement, les conservateurs croyaient que, même s’il pouvait y avoir des erreurs dans l’application de la loi américaine, en général, nos tribunaux étaient justes. Eh bien, vous pouvez dire adieu à cette idée pour le moment. Nos tribunaux et nos procureurs sont de plus en plus motivés par des facteurs idéologiques d’un côté de l’arène politique. Bien qu’il reste de nombreux grands procureurs et juges dans ce pays, il y a suffisamment de marxistes culturels qui ont infiltré la profession juridique pour que la partialité dans l’application de la loi et l’animosité envers un côté de l’arène politique soient de plus en plus la norme.
Vous pouvez être sûr, même maintenant sous une administration Trump, que, si vous êtes conservateur, vous aurez beaucoup plus de difficultés devant les tribunaux à travers le pays. Des boulangers poursuivis pour ne pas avoir cuit de gâteaux LGBT à David Daleiden inculpé pour avoir dit la vérité sur le Planning familial, en passant par des personnes qui défendaient leur maison contre des foules accusées d’avoir brandi des armes – tandis que, dans le même temps, les Jacobins qui démolissent les portes et s’introduisent dans une propriété privée n’ont… rien. Dans les villes d’Amérique, les anarchistes et les foules violentes se révoltent et pillent. Les maires et les procureurs ne font rien. Ce sont les conservateurs qui voient leurs droits civils disparaître dans tout le pays.
Alors, avant d’accuser Steve Bannon, posez-vous ces questions: faites-vous confiance aux médias et croyez-vous à l’application juste de la loi aux conservateurs? Si votre réponse est “non” à l’une de ces questions ou aux deux, vous devriez laisser à Steve Bannon le bénéfice du doute. Vous devriez refuser d’accepter l’acte d’accusation du grand jury comme preuve définitive d’un acte répréhensible, et vous devriez rechercher des raisons plausibles pour remettre en question cet acte d’accusation.
Les conservateurs ne devraient pas laisser tomber les bons sur le champ de bataille. Nous devons faire ce que nous pouvons pour nous tenir aux côtés de ceux qui nous ont soutenus. Et, à tout le moins, nous devons comprendre que les MSM et l’establishment détestent Steve Bannon – et cela pourrait bien avoir quelque chose à voir avec cet acte d’accusation.